Affaire Narumi en FranceSon dernier petit ami est formel, «Narumi n’avait aucun ennemi»
Au procès en appel de Nicolas Zepeda, accusé d’avoir tué une étudiante japonaise en 2016, Arthur Del Piccolo, le compagnon de la victime, est resté imperturbable face à la défense.
- par
- Eva Grau
La défense de Nicolas Zepeda, rejugé en appel pour l’assassinat de Narumi Kurosaki, une étudiante japonaise disparue sans laisser de traces en 2016, a tenté mardi d’instiller le doute autour du dernier petit ami de l’étudiante, partie civile au procès qui leur a répondu pied à pied.
Arthur Del Piccolo est venu dire à la barre son deuil impossible, lors d’une matinée entièrement consacrée à sa déposition. Il a ainsi confié que «chaque année en décembre, (il) pense automatiquement à elle (…) Narumi et moi, on aurait pu aller bien ensemble». «J’aimerais que justice soit faite», que «le coupable soit condamné».
Les réponses ne peuvent venir que d’«une seule personne, si elle accepte de nous les donner», glisse-t-il à l’attention de Nicolas Zepeda, sans le citer. À quelques mètres de lui, le Chilien de 33 ans, qui a été condamné en première instance à 28 ans de réclusion, l’écoute sans ciller.
Confusion des sentiments
Nicolas Zepeda, qui dit avoir passé la nuit du dimanche 4 au lundi 5 décembre 2016 avec Narumi, n’aurait-il pas pu y être invité par la jeune femme et avoir une relation sexuelle avec lui, comme leur client le soutient? demande Me Portejoie, l’un des avocats de l’accusé.
Il affirme également être resté du 4 au 6 décembre dans la chambre de Narumi. Celui qui évoquait jusqu’alors une rencontre fortuite a reconnu la semaine dernière être allé volontairement frapper à la porte de son ex.
Après tout, poursuit Me Portejoie, ce dernier a traversé la planète pour la retrouver à Besançon, après leur rupture, et on comprendrait «la confusion des sentiments» chez une jeune fille certes «très en colère» mais qui a été «très amoureuse» de Nicolas Zepeda. Sans compter qu’elle et lui avaient auparavant dîné au restaurant, après une journée de balade.
«Je ne crois pas qu’elle ait pensé revenir à cette relation passée», balaye calmement Arthur Del Piccolo, qui concède ne pas pouvoir expliquer pourquoi Nicolas Zepeda s’est retrouvé dans la chambre de Narumi. Peut-être voulait-elle passer quelques heures avec lui, avant de mettre «un point final» à la relation, avance le jeune homme.
«J’ai compris que la défense veut faire de moi un suspect»
Me Cormier, le deuxième avocat de la défense, qui pointe l’attitude d’Arthur Del Piccolo au moment de la disparition de l’étudiante, notamment la liste «en dix points» remise aux enquêteurs pour, selon l’avocat, incriminer Nicolas Zepeda.
Là encore, le jeune homme répond posément: «Narumi n’avait aucun ennemi» et la seule piste qui se dégageait alors était celle de «Nicolas». Arthur, alors étudiant à Besançon, et qui effectuait un stage en entreprise, dit donc avoir «réfléchi à cette théorie» et tissé «plusieurs liens et hypothèses retranscrites» dans cette liste.
Les avocats tentent également de jeter le trouble en évoquant un message, supposément envoyé par Zepeda qui avait usurpé les comptes de Narumi, mais qui comportait un détail que seule l’étudiante pouvait connaître: un incident survenu en cours de langue. Tout à fait possible que Narumi l’ait évoqué lors du dîner du dimanche soir, balaye le jeune homme.
«J’ai bien compris que la défense voulait faire de moi un suspect», a réagi après l’audience Arthur Del Piccolo. «J’ai essayé d’être précis, car j’ai compris que la stratégie de la défense était de semer le doute.»
Depuis l’ouverture il y a une semaine de son procès en appel à Vesoul (est de la France), Nicolas Zepeda continue de nier toute implication dans l’assassinat de Narumi Kurosaki, brillante étudiante japonaise de 21 ans, disparue le 5 décembre 2016, à Besançon. Il encourt la perpétuité. Le verdict est attendu en début de semaine prochaine.