Colombie: La guérilla de l’ELN dément tout cessez-le-feu avec le gouvernement

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ColombieLa guérilla de l’ELN dément tout cessez-le-feu avec le gouvernement

Dimanche, l’exécutif de Gustavo Petro avait annoncé avoir conclu un cessez-le-feu «bilatéral» de six mois avec les cinq principaux groupes armés opérant en Colombie, dont l’ELN. 

La Colombie est minée depuis quelque 60 ans par une complexe guerre interne.

La Colombie est minée depuis quelque 60 ans par une complexe guerre interne.

AFP

La guérilla colombienne de l’Armée de libération nationale (ELN, guévariste) a démenti mardi tout cessez-le-feu bilatéral avec le gouvernement en Colombie, un accroc dans le projet de «paix totale» porté par le président Gustavo Petro.

«Toujours pas d’accord»

«La délégation de l’ELN n’a pas discuté avec le gouvernement de Gustavo Petro d’une quelconque proposition de cessez-le-feu bilatéral, il n’y a donc toujours pas d’accord sur cette question», a affirmé cette organisation rebelle dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux et signé de son «commandement central».

Dimanche, le gouvernement avait annoncé avoir conclu un cessez-le-feu «bilatéral» de six mois avec les cinq principaux groupes armés opérant en Colombie, dont l’ELN, avec laquelle il est engagé dans de nouvelles négociations de paix. «Nous avons déclaré à plusieurs reprises que l’ELN ne se conformait qu’à ce qui était discuté et convenu à la table de dialogue à laquelle nous participons. Un décret gouvernemental unilatéral ne peut être accepté comme (constituant) un accord», assène dans son communiqué la dernière guérilla constituée comme telle encore active dans ce pays.

Prochain cycle de négociations 

«Au cours du dernier cycle de négociations qui s’est déroulé au Venezuela et qui s’est terminé le 12 décembre, seul ce qui avait été annoncé (...) a fait l’objet d’un accord», tandis que des «ajustements ont été apportés à l’ordre du jour et soumis pour consultations, tant au président (Gustavo Petro) qu’au commandement central» de l’ELN, explique cette dernière. Un prochain cycle de négociations doit avoir lieu prochainement, à une date non encore connue, au Mexique, où «il a été convenu de compléter l’ajustement de l’ordre du jour», toujours selon l’ELN.

«Une fois que nous aurons conclu ce qui est prévu, nous sommes prêts à discuter de la proposition de cessez-le-feu bilatéral et à examiner les conditions qui rendront possible un accord», ajoute la guérilla d’extrême gauche, disant «interpréter» l’annonce du gouvernement «comme (étant) une proposition à examiner dans le prochain cycle». A la mi-journée, le gouvernement ou le président Petro n’avait pas encore réagi à ces déclarations.

Le président colombien Gustavo Petro.

Le président colombien Gustavo Petro.

AFP

Lutte entre groupes 

Le premier gouvernement de gauche de l’histoire de la Colombie, entré en fonction le 7 août, a repris en novembre les pourparlers de paix avec l’ELN, suspendus par l’ancien gouvernement conservateur d’Ivan Duque (2018-2022). L’ELN, qui dispose de quelque 2500 combattants et d’un vaste réseau de collaborateurs selon des estimations indépendantes, a été fondée en 1964 par des syndicalistes et des étudiants sympathisants d’Ernesto «Che» Guevara, de la révolution cubaine, et de la théologie de la libération.

La Colombie, principal producteur mondial de cocaïne, est minée depuis quelque 60 ans par une complexe guerre interne, qui a fait plus de neuf millions de victimes (morts, disparus et déplacés), entre guérillas de gauche, paramilitaires de droite, trafiquants de drogue et forces de sécurité de l’Etat. Dans le cadre d’une ambitieuse initiative dite de «paix totale», Gustavo Petro cherche également à négocier avec les rebelles dissidents des FARC (qui rejettent l’accord de paix signé en 2016 avec cette guérilla marxiste), ainsi qu’avec d’autres groupes armés, qui se disputent le trafic de cocaïne.

(AFP)

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