VoileAvec ces skippers, Alinghi est bien «barré»
Arnaud Psarofaghis – qui dispute le Bol d’Or – et Maxime Bachelin ont été choisis pour diriger le bateau qui représentera en 2024 la Suisse à la prochaine Coupe de l’America à Barcelone. Leurs impressions.
- par
- Christian Maillard
Dire que le futur bateau suisse qui participera en 2024 à la prochaine Coupe de l’America à Barcelone est «bien barré» est un doux euphémisme. Avec Arnaud Psarofaghis et Maxime Bachelin, le futur «monstre» des mers d’Alinghi Red Bull Racing Team est en effet entre de bonnes mains.
Le premier, 33 ans, a l’expérience pour lui, avec un titre de champion d’Europe de Moth à foils en 2008 et trois victoires sur le Bol d’Or. Le Genevois dispute d’ailleurs ce samedi, sur le TF35 d’Ernesto Bertarelli, sa 17e grande fête du Lac sur le Léman avec les mêmes ambitions qu’il nourrit déjà pour l’America's Cup.
Si le second, 24 ans, champion suisse en 420, 7e des Européens et 10e des Mondiaux dans cette catégorie, ne se trouvait pas dans les vagues entre Genève et Le Bouveret ce samedi, c’est un grand espoir dans le milieu de la voile. Le Vaudois d’Éclépens, qui a également passé beaucoup de temps sur l’eau dans sa jeunesse, apprend vite et bien. «Si j’ai surtout côtoyé son frère Jérémie, avec Max, il y a longtemps que l’on se connaît, poursuit Arnaud Psarofaghis. Le petit frère, on l’a toujours eu au coin de l’œil, car on savait qu’il était capable de grandes choses.»
Le «petit frère», qui a notamment grandi avec ces bateaux volants à foils, ne cache pas qu’il a beaucoup d’admiration pour son prestigieux coéquipier, son modèle. «Arnaud, je l’ai toujours vu voler avec Alinghi, il a toujours été une idole pour moi.» Cet observateur curieux, avide de connaissances, a passé l’essentiel de sa jeunesse sur l’eau à apprendre tout ce qu’il pouvait sur les bateaux.
Sa précocité sur les foils lui vaudra de devenir par la suite un spécialiste de la voile volante. «On a la chance de naviguer sur plein de bateaux où il s’agit parfois de jouer les équilibristes, renchérit Arnaud. Il faut vraiment une culture d’adaptation alors qu’on se rapproche plus d’un catamaran ou d’un Moth, même s’ils font plus de 25 mètres de long. Si Max est plus jeune que moi, on n’a pas de mauvais réflexes qu’on traîne depuis des années, on est tous ouverts à découvrir des choses, ça va être une grande force par rapport aux autres. On n’a rien à leur envier, au contraire. Si on travaille bien et qu’on fait les choses correctement, on va arriver aux objectifs à atteindre.»
Les deux skippers gagnants d’Alinghi Red Bull Racinq Team, qui se sont récemment affrontés sur l’eau avec des GC32, en ont profité pour retirer le positif de cette expérience. «Le fait qu’Arnaud a plus d’expérience que moi dans cette catégorie m’a permis de partager des choses avec lui qui m’ont permis de corriger mes erreurs», reconnaît le benjamin, ce qui fait dire à son «maître» que leur marge de progression n’est plus très grande par rapport à lui. «J’ai déjà deux à trois idées de ce que va être un AC75, mais on est encore loin d’imaginer à quel point ces bateaux vont vite, enchaîne Arnaud Psarofaghis. Maintenant, avec notre vécu, les images vidéo, on va pouvoir gagner du temps par rapport aux autres. Ça va être quelque chose d’excitant de barrer ces monstres aussi impressionnants et rapides.»
Maxime Bachelin est conscient toutefois qu’avec une si grande vitesse sur l’eau le danger d’accident existe, forcément. D’où une certaine pression. «Il sera important sur le pont d’avoir des mots simples, faciles à comprendre par tous pour éviter des risques d’erreurs.» Si tout le monde s’exprime en français sur le bateau, les ordres seront donnés en anglais pour le reste de l’équipage resté à quai. «Sinon, sourit Arnaud, pour les designers, ce serait comme regarder une course sans le son!»
L’America’s Cup a commencé mercredi dernier au chantier naval d’Écublens, là où sera construite la bête de course de la Société nautique de Genève appelée à représenter, en 2024, notre pays à Barcelone, comme en 2003 et 2007 à Auckland et à Valence. «Je ne me souviens pas de la première victoire, car j’étais trop jeune, explique encore Maxime Bachelin. Mais de la deuxième, oui, cela correspondait à mes premières années de voile. Et depuis, cela a toujours été un de mes objectifs dans la vie.»
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