Drame à BienneLa petite Daniella était avec sa classe quand elle s’est noyée
L’écolière de 3e année qui a perdu la vie dans une piscine couverte ne savait pas nager: elle a levé la main quand la question a été posée par la maîtresse.
- par
- Vincent Donzé
La petite Daniella est partie à l’école et elle n’est jamais rentrée. Le jeudi 16 septembre, cette écolière scolarisée en allemand à Brügg (BE) avait piscine, au Palais des Congrès de Bienne. Deux jours avant le cours de natation, son papa nigérian a prévenu l’école par téléphone: «Ma fille ne sait pas nager». À la piscine, selon plusieurs témoignages, Daniella a levé la main quand la question a été posée par la maîtresse.
L’inimaginable s’est pourtant produit au sein d’une classe de 3e année, rapporté sombrement par la police cantonale bernoise. «Une enfant a été sortie inanimée d’un bassin», est-il indiqué dans un communiqué qui ne mentionne pas expressément une noyade, mais un accident de baignade.
Clarifier les causes
Que s’est-il passé ce funeste jeudi, dans une piscine fréquentée par toutes les écoles de Bienne et sa région? Les parents de Daniella l’ignorent, douze jours après le drame. S’est-elle cogné la tête sur le bord de la piscine, comme l’a rapporté une élève? Sous la direction du Ministère public régional Jura bernois-Seeland, la police cantonale bernoise a ouvert une enquête «afin de clarifier les circonstances et causes de l’accident».
Les parents tétanisés tentent de survivre en laissant la TV allumée pour distraire leur fille de deux ans. La maman est enceinte, deux ans après leur arrivée en Suisse. Des dessins colorés de Daniella sont scotchés sur la porte de sa chambre. En tenant une feuille qui servait à sa fille à apprendre la valeur des pièces de monnaie, son papa raconte combien il la trouvait brillante, admiratif devant sa facilité à s’exprimer en allemand.
Un défibrillateur
Combien de temps Daniella est-elle restée sous l’eau, dans un bassin trop profond pour sa taille? De trop longues secondes, peut-être des minutes. Sur place, les personnes présentes ont commencé des mesures de réanimation qui ont été continuées par une équipe d’ambulanciers. Un défibrillateur a été utilisé par un garde-bains, geste qui n’a pas sauvé la petite écolière. Prise en charge par les secours à 14 h 55, Daniella est décédée le lendemain à l’hôpital.
À l’école primaire de Brügg, son directeur est très affecté: «Comme vous pouvez l’imaginer, notre tristesse est immense. C’est le pire qui puisse arriver à une école», écrit-il. «Toutes nos pensées vont aux parents de la petite défunte», tient-il à préciser.
Drame traumatisant
La semaine écoulée s’est déroulée de manière flexible, de manière à favoriser autant que faire se peut un retour à la normale, après un drame aussi traumatisant. Les élèves et leurs enseignants ont bénéficié d’un soutien psychologique qui sera maintenu à la rentrée pour ceux qui le souhaitent.
Les vacances d’automne ont commencé à Brügg mais, à la rentrée, plus rien sera comme avant: «Des mesures supplémentaires seront prises pour augmenter la sécurité», promet le Directeur. Le jour de drame, l’institutrice était accompagnée d’une maman et d’un étudiant.
«Il est d’ores et déjà clair que nous augmenterons le nombre d’accompagnateurs présents aux cours hebdomadaires de natation», assure le directeur. En attendant, «il n’y aura plus de sortie à la piscine tant qu’un examen approfondi de la situation n’aura pas été effectué».
Aucune information
Quelles sont les règles pour les classes d’école? Les gardes-bains sont-ils tenus de surveiller une classe? Des mesures seront-elles prises après cet accident? Autant de questions posées à Bienne à Annette Douillet, directrice de la société Congrès, Tourisme et Sport (CTS), gérante de la piscine couverte. Sa réponse: «Une enquête est en cours et nous ne donnons aucune information complémentaire».
À Brügg, le Directeur de l’école primaire sait bien que toutes les précautions ne gommeront pas la catastrophe. Sur l’escalier menant à l’école, avant de prendre des vacances, les camarades de Daniella et leurs parents ont posé des bougies, des fleurs et des messages. Tous disent leur tristesse, mais la culpabilité pointe derrière une écriture enfantine pleine de ratures: «Chère Daniella, nous nous excusons beaucoup».