LausanneL’auteur présumé de la rixe mortelle au Flon devra se plier à une expertise psy
Incarcéré depuis septembre 2021, un jeune de 21 ans refusait d’être vu par un expert psychiatre. Mais le Tribunal fédéral vient de décider qu’il n’y couperait pas.
- par
- Jacqueline Favez
Le 26 septembre 2021, une rixe entre deux bandes rivales, une venue de Bienne (BE) et l’autre de La Chaux-de-Fonds (NE), avait fait un mort, dans le quartier du Flon à Lausanne. L’auteur présumé des coups de couteau mortels, qui a également blessé un autre protagoniste durant la bagarre, a été interpellé peu après et placé en détention provisoire. Le jeune homme, aujourd’hui âgé de 21 ans, fait l’objet de quatre autres enquêtes pénales, instruites dans différents cantons, pour émeute, séquestration et enlèvement, agression et lésions corporelles simples et enfin brigandage.
Afin de comprendre si cette accumulation d’actes de violence pouvait être liée à un trouble psychique et de pouvoir envisager des mesures pour éviter toute récidive, une première expertise psychiatrique avait été demandée en 2022. Mais le prévenu a fait recours et cette demande, qui n’était pas suffisamment motivée, a été annulée. Le 15 février dernier, le Ministère public de l’arrondissement de Lausanne a émis un nouveau mandat d’expertise psy, à laquelle le jeune homme s’est à nouveau opposé. Son recours a été écarté par la justice vaudoise et il a porté l’affaire devant le Tribunal fédéral (TF).
Les juges de la Haute Cour viennent de rejeter son recours et de confirmer la tenue de cette expertise. Ils relèvent que le jeune homme est accusé de crimes d’une extrême gravité et qu’il sortait tout juste de deux mois et demi de détention au moment où il s’est retrouvé dans la rixe lausannoise, «ce qui, compte tenu de son jeune âge, interpelle déjà sur sa personnalité», écrivent-ils. Par ailleurs, aucun élément du parcours familial, médical ou social du prévenu ne permet de comprendre qu’il soit impliqué dans des actes aussi violents. «Ainsi une expertise psychiatrique se justifie non seulement pour établir l'ampleur de sa responsabilité pénale mais également pour se prononcer sur les éventuelles mesures qui pourraient être prononcées», relève le TF.
Pour le prévenu, «aucun doute sur sa santé mentale»
Dans son recours, le jeune homme conteste que les conditions pénales soient réunies pour le soumettre à une expertise psychiatrique. Il estime qu’aucun élément ne sème le doute sur sa santé mentale et estime que le non-respect des mesures qu’il devait suivre à sa sortie de prison ne serait pas un indice sérieux qui permettrait de douter de sa pleine responsabilité pénale. Par ailleurs, il conteste toutes les infractions qui lui sont reprochées et estime qu’elles sont survenues dans une dynamique de groupe, dans le cadre de la rivalité entre deux bandes.
Les juges du TF estiment au contraire que l'ensemble des éléments reprochés au recourant est de nature à susciter un doute sérieux sur son état mental et à suspecter un trouble de la personnalité ou un défaut de caractère propre à affecter, le cas échéant, sa responsabilité pénale. «Il ne saurait prendre prétexte qu'il aurait agi en bande, sous l'effet de groupe ou l'influence de tiers, pour expliquer l'usage de la violence, voire le recours à des armes, dès lors que certains protagonistes le décrivent comme le meneur», note la Haute Cour.
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