FootballLe courage des exilés du Shakhtar Donetsk récompensé
Le club ukrainien avait l’habitude de brouiller les cartes européennes, avant l’invasion russe. Désormais, il doit se contenter de survivre. Dans le groupe H de la Ligue des Champions, il a battu avec courage le Royal Antwerp (2-3).
- par
- Robin Carrel
Il y a deux semaines, le Shakhtar Donetsk a débuté sa campagne européenne «à domicile», mais à 2700 km de la maison. Le champion d’Ukraine a été battu par le FC Porto (1-3) sur la pelouse du Volksparkstadion de Hambourg, devant 47’000 spectateurs. Ainsi va la vie d’une formation qui avait l’habitude de jouer les premiers rôles en Coupes d’Europe et qui s’est retrouvée, depuis le début de la guerre dans le Donbass en 2014 mais surtout depuis celle de 2022 menée par la Russie, à devoir vivre au jour le jour.
Le Shakhtar avait d’abord dû déménager à Lviv, pas loin de la frontière polonaise, après les premiers coups de canon. Deux ans plus tard, c’est à Kharkiv qu’il a dû aller, avant de reprendre la route pour Kiev quatre ans après. Depuis que Vladimir Poutine a (re)lancé les hostilités, les «Mineurs» jouent le championnat ukrainien à Lviv (à huis clos), mais ne peuvent pas évoluer en Ukraine au niveau européen. Donc après une saison à Varsovie, les voici dans le Nord de l’Allemagne.
Avant l'invasion, le Shakhtar était redouté partout en Europe. La recette: un savant mélange entre les meilleurs Ukrainiens du moment et une incroyablement prolifique filière brésilienne (Elano, Willian, Fernandinho, Douglas Costa, Fred et même… Brandao). Les «Taupes» ont ainsi gagné la Coupe de l’UEFA en 2009, joué les quarts de finale de la C1 deux ans plus tard et encore disputé deux demi-finales d’Europa League il y a sept et trois ans.
Aujourd’hui, au vu des circonstances, ne serait-ce qu’imaginer rééditer de tels exploits est impensable. Il est compliqué d’attirer des étrangers de calibres dans un pays en guerre et les instances ont permis aux joueurs sous contrat avec les clubs ukrainiens et qui avaient fui à l’étranger au début de la guerre de suspendre unilatéralement leurs engagements jusqu’à l’été 2024 au moins. Le Shakhtar ne fait donc plus peur à grand-monde, même s’il avait réussi à soutirer plus de 70 millions de francs à Chelsea pour le transfert de Mykhaylo Mudryk l’hiver dernier.
Mais les courageux joueurs qui sont restés et ceux qui y ont signé depuis ont reçu une belle récompense ce mercredi. Menés de deux longueurs peu après la demi-heure de jeu par le Royal Antwerp, ils sont allés cueillir le champion de Belgique grâce à deux buts de Sikan (48e et 76e) et une réalisation de Rakytskiy. De quoi redonner un sourire éphémère à certains au pays, surtout que les Anversois ont manqué un penalty à la 97e…
Dans l’autre partie du début de soirée, dans le groupe E, l’Atlético de Madrid s’est mis un peu tout seul dans de beaux draps contre le Feyenoord Rotterdam (3-2), encaissant deux buts évitables. Mais c’est bien connu, les Colchoneros ont du caractère et ils ont retourné l’affaire grâce à Morata (14e et 47e) et une reprise acrobatique de Griezmann (45e+4).