SoudanL’accord de sortie de crise encore reporté, appel à manifester
L’accord entre civils, militaires et paramilitaires censé relancer la transition démocratique après le putsch de 2021 est de nouveau reporté. Les civils appellent à des manifestations jeudi.
Déjà repoussée la semaine passée, la signature de l’accord-cadre prévoyant un retour au partage du pouvoir entre civils et militaires, condition sine qua non à la reprise de l’aide internationale au pays, l’un des plus pauvres au monde, n’aura pas lieu comme prévu jeudi, affirme mercredi soir dans un communiqué le bloc civil historique des Forces de la liberté et du changement (FLC).
«La signature a été reportée en raison de la reprise des pourparlers entre militaires (…) les 1er et 6 avril», indique le texte. «Les négociations ont progressé sur plusieurs points mais une dernière question doit encore être finalisée», poursuit-il, celle, selon les experts, des modalités de l’intégration des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) aux troupes régulières.
Car ce n’est plus désormais le conflit entre civils et militaires qui maintient le Soudan dans l’impasse mais la rivalité entre le chef de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’armée et auteur du coup d’État du 25 octobre 2021, et son second, le général Mohamed Hamdane Daglo, dit «Hemedti», à la tête des ex-miliciens de la guerre du Darfour désormais regroupés dans les FSR.
La date du 6 avril correspond par ailleurs à deux anniversaires majeurs pour le mouvement civil au Soudan: celui de révoltes qui en 1985 puis en 2019 ont à 34 ans d’écart fait tomber deux présidents putschistes.
Jeudi, les FLC appellent de nouveau tous les Soudanais à défiler «pacifiquement» à travers toutes les provinces pour «la liberté, la paix et la justice», contre les militaires et «le retour de l’ancien régime», la dictature islamo-militaire d’Omar el-Béchir, renversé en 2019, dont de nombreux cadres ont retrouvé leurs postes dans l’administration à la faveur du putsch de 2021.
Les manifestations anti-putsch n’ont pas cessé depuis ce coup de force, malgré une répression qui a fait 125 morts selon des médecins pro-démocratie. En prévision de cette mobilisation, les autorités ont décrété le 6 avril jour chômé et un important déploiement militaire était visible mercredi dans différents quartiers de Khartoum et de ses banlieues, barrant notamment les ponts sur le Nil, ont rapporté des témoins.