Guerre en UkraineLe National condamne fermement l’invasion de la Russie
Après avoir observé une minute de silence, la Chambre du peuple a adopté à une large majorité une déclaration invitant les autorités russes à un cessez-le-feu. Seule l’UDC s’y est opposée.
- par
- Christine Talos
Premier débat très émotionnel à Berne pour marquer le début de la session parlementaire. En présence de l’ambassadeur d’Ukraine en Suisse, Artem Rybchenko, longuement applaudi, le National a largement adopté une déclaration demandant au gouvernement de s’associer aux sanctions prises par l’UE. Seule une partie de l’UDC était opposée à ce texte préparé par la commission des institutions politiques du National.
Dans sa déclaration, le National s’est dit «bouleversé par les souffrances humaines causées par l’agression russe contre l’Ukraine» et «convaincu qu’une guerre d’agression unilatérale ne doit jamais être un moyen politique et est indigne d’un État, au XXIe siècle». Dans son texte, la Chambre du peuple a donc appelé toutes les parties à un cessez-le-feu et demandé au Conseil fédéral de s’associer aux sanctions européennes contre Moscou. Ce que le gouvernement a annoncé ce lundi.
Être à la hauteur des événements
«La Suisse doit éviter d’être un hub financier pour les Russes pendant qu’une guerre se déroule sous nos yeux», a lancé Gerhard Pfister, président du Centre. «Comme en 1956 avec la Hongrie et la Tchécoslovaquie en 1968, le Conseil fédéral doit être à la hauteur des événements», a-t-il déclaré. «Soyons clairs: le droit de la neutralité ne s’applique pas face à une telle violation flagrante du droit international. Si la Russie n’était d’ailleurs membre permanente du Conseil de sécurité, des sanctions seraient décidées par le Conseil de sécurité, sanctions que la Suisse devrait reprendre», a lancé de son côté Damien Cottier (PLR/NE).
«La guerre n’est jamais une bonne solution à un problème. Elle l’est encore moins lorsque le problème n’existe pas: l’Ukraine n’a jamais menacé la Russie, ni récemment, ni par le passé. La Russie n’a pas de problème de sécurité à cause de l’Ukraine», a souligné de son côté Roger Nordmann (PS/VD).
Neutralité en danger
Seule l’UDC a tenté de s’opposer à cette résolution. La Suisse doit s’en tenir à une stricte neutralité, selon le parti. Après les décisions du Conseil fédéral sur les sanctions, ce genre de déclarations n’apporte rien de concret pour mettre fin à la guerre, si ce n’est de placer notre rôle de médiatrice en danger, a lancé Gregor Rutz (UDC/ZH) qui avait déposé une minorité pour s’opposer à la déclaration.
De son côté, Ignazio Cassis a expliqué la position du Conseil fédéral. «Les États qui s’engagent sur le plan international doivent pouvoir compter sur la Suisse. Ni le droit, ni la neutralité ne militent en défaveur de cela», a-t-il lancé. «Faire le jeu d’un agresseur, ce n’est pas la neutralité», a-t-il ajouté. «En tant qu’État signataire et dépositaire des Conventions de Genève, nous sommes tenus de respecter les impératifs humanitaires et nous ne pouvons pas rester les bras croisés en voyant ceux-ci bafoués», a-t-il lancé sous une salve d’applaudissements.
Le message est passé auprès de l’ambassadeur ukrainien à la tribune. Artem Rybchenko a remercié les parlementaires la main sur le cœur.