Formule 1Un week-end sous pression
Sur la piste, les deux Red Bull partent favorites pour le Grand Prix d’Arabie saoudite. Mais derrière les décors, l’avenir de la course est remis en question.
- par
- Luc Domenjoz
Il y a plus simple
Un circuit terriblement dangereux - le plus dangereux de la saison, ainsi que le terrible accident de Mick Schumacher l’a prouvé hier. Un pays critiqué pour sa gestion des droits de l’homme - avec 81 condamnés à mort exécutés le 12 mars –, et qui semble utiliser le Grand Prix pour se donner une stature de pays moderne et ouvert. Un contexte tendu, avec une pluie de missiles ayant atteint un complexe pétrolier situé à moins de vingt kilomètres du circuit, vendredi, pendant les essais libres.
Franchement… il existe des endroits plus tranquilles pour organiser un Grand Prix de Formule 1. Évidemment, les 65 millions de d’Euros versés chaque année par le royaume d’Arabie saoudite pour faire venir la F1 semble la seule justification à une course plus que contestée. Mais l’argent peut-il vraiment tout acheter?
Samedi, pendant la conférence de presse qui a suivi les qualifications, les deux pilotes Ferrari ont confirmé leur mécontentement de courir sur le circuit de la Corniche de Djedddah. «Ce n’est plus le moment d’entrer dans les détails, mais il est certain qu’il va falloir discuter de l’avenir de ce Grand Prix lorsque nous serons rentrés en Europe», lâchait Charles Leclerc. «Ce qui s’est passé ici au cours des dernières 24 heures devra être discuté. Il faut clairement se positionner pour le futur », ajoutait Carlos Sainz.
Stefano Domenicali, le patron de Liberty Media, détenteur des droits commerciaux de la F1, aimerait évidemment maintenir cette course au calendrier pour des raisons financières. Les écuries ne l’avoueront pas facilement, mais elles le soutiennent puisqu’elles reçoivent l’essentiel des sommes versées par l’Arabie saoudite. Et le pilotes, dans cette situation, n’ont pas grand poids.
Vers des saisons à 30 Grands Prix
Stefano Domenicali, ce week-end, a aussi expliqué qu’il avait reçu un grand nombre de sollicitations pour organiser des Grands Prix. Avec la popularité actuelle de la F1, la demande dépasse largement l’offre - deux ans après une pandémie qui avait obligé Liberty Media, au contraire, à payer les circuits pour y organiser des courses! Désormais, les circuits candidats proposent des sommes de plus en plus élevées pour avoir le droit d’organiser des week-ends de F1.
La saison prochaine, deux Grands Prix supplémentaires par rapport à 2022 (le Qatar et Las Vegas) porteront le nombre de courses à 25. «Nous allons ensuite devoir passer à 30 Grands Prix par an, explique Stefano Domenicali. Et nous allons même devoir supprimer du calendrier quelques circuits pour faire face à la demande.»
Les candidats susceptibles de disparaître semblent se compter parmi les courses européennes, comme le circuit d’Imola. Le Portugal, la Turquie, le circuit de Mugello ou celui du Nürburgring, qu’on avait revus en 2020, on déjà cédé leur place au calendrier.
Mick Schumacher forfait
Après son terrible accident du virage 10, lorsque le pilote allemand a perdu le contrôle de sa Haas pour venir taper violemment le mur de béton bordant l’extérieur de la piste, Mick Schumacher a réussi à sortir seul de sa monoplace avant d’être emmené au centre médical du circuit, puis par hélicoptère à l’hôpital militaire le plus proche.
Son pilote est indemne, mais l’écurie a préféré retirer sa voiture du Grand Prix, une demande acceptée par les commissaires sportifs. «La voiture est dans un tel état que nous allons devoir la reconstruire entièrement, a expliqué Günther Steiner, le patron de l’écurie Haas. Et après un tel choc, il faut vérifier si chaque pièce est réutilisable, ou si le métal a souffert de fatigue. On allait de toute façon devoir construire une toute nouvelle voiture à l’aide de pièces détachées. Il vaut mieux que nous nous concentrions sur le prochain Grand Prix, dans deux semaines en Australie.»
L’Italien a révélé que l’écurie n’a eu aucune nouvelle de son pilote dans les minutes qui ont suivi l’accident. «Sa radio de bord a été détruite par le choc, comme toute l’électronique de la voiture, poursuit Günther Steiner. Nous avons dû attendre que les commissaires locaux nous confirment qu’il était indemne. C’est le plus important.»
Esteban Ocon, sur Alpine, a expliqué avoir failli connaître le même accident que Mick Schumacher, au même endroit, quelques minutes plus tard. «C’était chaud! J’attaquais, mes pneus n’étaient pas encore tout à fait à température, et la voiture est partie en travers exactement de la même manière que Mick. A un degré près, je ne pouvais plus la rattraper et j’allais taper le mur au même endroit. Pas cool! Je n’ai pas aimé ça du tout.»
Les Red Bull favorites
Si la pole-position est revenue à Sergio Perez, au terme d’un tour qu’il a décrit comme «parfait», les deux Ferrari sont qualifiées juste derrière sa Red Bull.
Max Verstappen ne part «que» quatrième, sans comprendre pourquoi. «Je ne sais pas ce qui s’est passé, se plaint-il. En Q1 et en Q2, tout était parfait. Même sur des pneus usés, la voiture était parfaite. Et tout à coup, dans les derniers tours, en pneus neufs, ça n’était plus du tout la même chose. Je ne m’explique pas du tout ce qui s’est passé.»
Hamilton complètement perdu
Si George Russell s’est qualifié en sixième place, Lewis Hamilton ne partira que de la 15e position sur la grille de départ de Djeddah - il n’a pas réussi à passer le cap de Q1 et s’est classé 16e, mais gagne une place suite au forfait de Mick Schumacher.
Le Britannique se plaignait d’un manque total d’adhérence, et a même hésité à partir depuis les stands pour permettre à ses ingénieurs de modifier totalement sa voiture.
«Notre situation est totalement inacceptable, tonnait Toto Wolff, le patron de l’écurie, dimanche matin. Ça me rappelle un peu 2013, quand je suis arrivé chez Mercedes et que nous étions loin des Red Bull. Mais nous aimons tous la compétition. Nous allons nous battre!»