Covid-19 – Taxé de charlatanisme, Didier Raoult estime qu’«on fait le procès de la réussite»

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Covid-19Taxé de charlatanisme, Didier Raoult estime qu’«on fait le procès de la réussite»

Le professeur marseillais a comparu, vendredi, devant la justice des médecins. Il aurait enfreint le Code de déontologie en prônant l’hydroxychloroquine contre le Covid.

À son arrivée devant la chambre disciplinaire, Didier Raoult a été accueilli par une trentaine de supporters.

À son arrivée devant la chambre disciplinaire, Didier Raoult a été accueilli par une trentaine de supporters.

AFP

«Charlatanisme», «risques inconsidérés» pour les patients, manque de confraternité, le controversé professeur Didier Raoult a fait face, vendredi, à la justice de ses pairs, qui l’accusaient, devant une chambre disciplinaire à Bordeaux, d’avoir enfreint plusieurs articles du Code de déontologie médicale en promouvant l’hydroxychloroquine contre le Covid-19. «On fait le procès de la réussite», s’est défendu l’infectiologue marseillais de 69 ans, debout, pull vert et chemise à carreaux, devant la chambre disciplinaire de l’ordre des médecins de Nouvelle-Aquitaine, qui a examiné deux plaintes lors d’une audience dépaysée loin de Marseille.

En arrivant, le directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée infection (HU) avait salué en silence, d’un signe de tête, la trentaine de manifestants venus le soutenir et l’applaudir. «Raoult, notre phare dans la nuit», «Touche pas à mon Raoult»: des banderoles témoignaient de la popularité du médecin auprès des «antisystèmes».

«Sans donnée scientifique établie»

Durant près de trois heures, la chambre disciplinaire, présidée par un magistrat administratif assisté de huit médecins, a examiné deux plaintes déposées, fin 2020, par l’ordre des médecins des Bouches-du-Rhône, et le conseil national de l’ordre des médecins.

Il est reproché au praticien marseillais d’avoir fait la promotion de l’hydroxychloroquine pour traiter le Covid-19, «sans donnée scientifique établie», ce qui s’apparente à du «charlatanisme», d’avoir pris des «risques inconsidérés» en soignant des patients avec ce traitement, «non éprouvé par la science», et d’avoir «manqué à son devoir de confraternité» envers d’autres médecins, a détaillé la rapporteuse de la chambre disciplinaire.

«Les médecins se plaignent de nous, pas les patients»

Pour l’avocat de l’ordre des médecins des Bouches-du-Rhône, ces poursuites ont été entreprises pour soutenir les «médecins libéraux héroïques», bousculés par «des patients angoissés» réclamant, «sans rien y connaître», un traitement à l’hydroxychloroquine, en se basant uniquement «sur la parole d’un éminent scientifique marseillais émise sans aucune prudence», sur les plateaux télés et les réseaux sociaux.

«Ce sont les médecins qui se plaignent de nous, pas les patients» a rétorqué Didier Raoult, assurant avoir reçu «plus de 600’000 patients» au sein de l’IHU durant la crise sanitaire, «sans aucune plainte». Devant ses pairs, le professeur a maintenu «la réussite» de son traitement, malgré l’absence d’effet prouvé aujourd’hui encore.

«Faux débat»

Pour Fabrice Di Vizio, avocat de Didier Raoult et chantre des antivaccins, le sujet de l’hydroxychloroquine est un «faux débat». Son client, dit-il, est jugé «comme un criminel», essentiellement pour ses prises de position critiques sur la gestion de la crise sanitaire par les autorités. Selon lui, le dossier ne comporte aucun propos précis ou daté prouvant le dénigrement du professeur marseillais envers la profession. Le Pr Raoult encourt une sanction allant d’un simple avertissement à une radiation, en passant par une suspension temporaire.

La juridiction bordelaise a également examiné une troisième plainte déposée, cette fois, par le professeur marseillais lui-même, contre le vice-président de l’ordre des médecins des Bouches-du-Rhône pour «non-confraternité». Didier Raoult reproche à ce médecin, chargé de la déontologie au sein de l’instance, une cinquantaine de tweets le dénigrant, postés au long de l’année 2020. Les décisions sur ces deux audiences ont été mises en délibéré et seront publiées le 3 décembre.

Didier Raoult, à la retraite comme professeur d’université praticien hospitalier, doit quitter la tête de l’IHU au plus tard, fin juin. Depuis la fin octobre, il est également accusé, tout comme l’IHU, d’avoir mené depuis 2017 de supposés «essais cliniques» illégaux contre la tuberculose, ce qu’ils nient.

(AFP)

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