Vaud: Benito Mussolini: une pétition demande qu’on lui retire enfin son titre à l’UNIL

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VaudBenito Mussolini: une pétition demande qu’on lui retire enfin son titre à l’UNIL

La distinction suprême accordée par l’Université de Lausanne au dirigeant fasciste italien en 1937 fait dorénavant l’objet d’une pétition pour qu’elle lui soit retirée à titre posthume.

Eric Felley
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Eric Felley
Benito Mussolini en 1940.

Benito Mussolini en 1940.

Getty Images/Roger Viollet

Le titre de docteur honoris causa, accordé par l’Université de Lausanne à Benito Mussolini en 1937, fait l’objet depuis ce lundi d’une pétition demandant que cette distinction soit révoquée. C’est le popiste lausannois Joaquim Manzoni, ainsi qu’un comité regroupant diverses associations suisses et italiennes, qui lancent cette nouvelle offensive pour que l’institution vaudoise prenne ses responsabilités une fois pour toutes sur le sujet.

«L’institution avait failli»

Pour l’instant toutes les tentatives dans ce sens ont échoué. En février dernier, dans l’émission «Forum» de la RTS, le nouveau recteur de l’UNIL, Frédéric Herman, admettait que ce titre «créait un malaise», qu’il était «regrettable» et que l’institution «avait failli» à l’époque.

Il avait rappelé que les valeurs de l’Université de Lausanne étaient «à l’opposé du fascisme», mais que juridiquement: «Ce serait compliqué et ça l’est d’autant plus à titre posthume». Il estimait également que «retirer ce titre à Mussolini, ce serait l’enlever du débat démocratique, ce qui est au cœur du fonctionnement de l’Université, c’est notre fonction première».

«Une trace profonde…»

Depuis, la députée Élodie Lopez d’Ensemble à Gauche a déposé un postulat au Grand Conseil, qui demande le retrait du titre. Pour Joaquim Manzoni, les raisons pour laquelle Benito Mussolini a été honoré sont rétrospectivement indéfendables. Le Duce avait été honoré: «Pour avoir conçu et réalisé dans sa patrie une organisation sociale qui a enrichi la science sociologique et qui laissera dans l‘histoire une trace profonde».

«À l’époque de cette décoration, précise le politicien lausannois, le régime fasciste de Benito Mussolini existe depuis 15 ans. Il est marqué par la destruction de la démocratie représentative, la répression des oppositions politiques et la violence politique. En novembre 1936, le régime fasciste italien scelle une alliance avec le nazisme, connue sous le nom d‘Axe Rome-Berlin». Mais, en 1936, le Conseil de l’École des sciences sociales et politiques de l’Université de Lausanne avait décidé de lui accorder le titre suprême par neuf voix contre une. Cette voix discordante était celle du professeur Jean Wintsch, à qui les pétitionnaires demandent que l’Université rende hommage d’une manière ou d’une autre.

Une position institutionnelle claire

En février dernier, le nouveau recteur de l’Université de Lausanne avait évoqué «un groupe d’experts internes qui se penchait sur la question et qui devrait terminer son travail dans quelques semaines», pour avoir une «position institutionnelle claire». Joaquim Manzoni l’entend bien, mais il se méfie qu’une fois de plus, on veuille noyer le poisson: «Lorsque j’étais étudiant en 2001, le sujet était déjà sur la table et beaucoup d’étudiants s’offusquaient déjà. Si le recteur parle d’un débat démocratique, qu’il l’organise…»

Un retour de l’Histoire

En regard de l’actualité, en particulier sur ce qui se passe en Russie, Joaquim Manzoni voit une nouvelle raison de trancher enfin: «Il nous semble qu‘aujourd’hui est non seulement un moment historique, mais aussi un moment d’actualité pour reconsidérer le choix adopté par l‘Université de Lausanne. Moment d‘actualité parce que nous assistons à des actes de violence contre des millions de personnes, inspirés par des idées et des valeurs, dont la matrice est similaire à celle du mouvement de Mussolini il y a cent ans».

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