La France s’est qualifiée en toute humilité à l'Euro M21

Ouverte deux bonnes heures avant le début du match, la salle de presse du stade Constantin Radulescu à Cluj a vu beaucoup de monde transiter mercredi à l’occasion du match entre la Suisse et la France M21. Photographes, journalistes, membres du staff des deux équipes… Si bien qu’il est rapidement devenu compliqué d’échapper à chacune des conversations, le plus souvent tenues en français.

Sans même tendre l’oreille, une évidence ne tarde pas à s’imposer: le clan français n’allait pas commettre la même erreur d’il y a deux ans lors du «vrai» Euro, symbolisée par la déclaration emplie d’une arrogance folle de l’ancien sélectionneur Raymond Domenech: «Je ne vois pas comment les Français peuvent perdre ce match, à moins que les Bleus restent coincés dans l’ascenseur, avant de partir.»

Non, cette fois, la France a fait preuve d’une humilité louable. Finalement récompensée par une nette victoire.

À 90 minutes du coup d’envoi, trois photographes discutent. «Demain à 11h, je suis à la rue, mon hôtel me met dehors. Je n’ai rien réservé pour la suite», dit l’un d’eux. Le vainqueur du groupe D de l’Euro M21 savait qu’il resterait jusqu’au quart de finale de dimanche soir à Cluj, et les Français se voulaient de loin les mieux placés pour accéder à cette place. Mais pas d’excès de zèle, prudence.

«Les vols pour la France vont être chers s’il faut les prendre ce soir pour demain», répond l’un des deux autres, conscient qu’un (rare) scénario possède le pouvoir d’éliminer les Bleus avant la phase à élimination directe. Les Italiens et les Norvégiens rentrent à la maison. La Suisse s’en va direction Bucarest. La France, elle, n’a pas encore à se soucier d’un départ.

Mais encore une fois, avant la rencontre de mercredi, cela ne semble pas découler d’une évidence. «Les Suisses, ils ont une belle équipe. Amdouni, wolalala, quel joueur! Imeri aussi. Et le petit au milieu, Rieder, c’est fort», peut-on entendre entre deux portes.

Le traumatisme de l’Euro 2021 pouvait-il y être pour quelque chose? Un journaliste de l’AFP rejette l’hypothèse. «Cette prudence vient surtout du tâtonnement dans notre jeu. On se cherche depuis le début de la compétition. Le match contre la Norvège (victoire 1-0) n’était vraiment pas bon. L’équipe peut se montrer très impressionnante sur des fulgurances, mais la consistance aperçue lors des qualifications n’est pas là», détaille-t-il, avant la gifle infligée à la Suisse (4-1).

Et si les deux équipes se retrouvaient en demi-finale? Le scénario est possible. Il requiert que la Suisse crée l’exploit contre l’Espagne, samedi, pendant que la France, dimanche, domine l’Ukraine. Alors les retrouvailles auraient lieu mercredi, à Bucarest.