CyclismeElise Chabbey: «Je préfère essayer plutôt que de rester attentiste»
La Genevoise a réussi une belle 6e place, samedi, lors des Strade Bianche. L’occasion de faire le point sur sa forme, au début d’une saison qui s’annonce exigeante.
- par
- Robin Carrel
Elise Chabbey était partout, ou presque, samedi en direction de Sienne (Ita). Le Genevoise de la formation Canyon/SRAM Racing est revenue sur les meilleures vers la fin, a directement attaqué, a placé ensuite sa leader au pied de la montée finale, avant de terminer bonne 6e de sa course préférée. Il y a deux semaines, elle avait pris la 7e place du Tour de la Communauté de Valence. Interview d’une cycliste déjà au top de sa forme, alors que de grosses échéances vont jalonner l’année 2022.
Ce début de saison réussi doit vous donner confiance…
Comme ma préparation de cet hiver, oui. Déjà, lors du stage de préparation, j’ai vu que j’avais de bonnes valeurs physiques, proches de celles des leaders de mon équipe. Ça m’a donné confiance pour la suite. Samedi, lors des Strade Bianche, j’ai fait une belle course. Pour moi, ces «Routes blanches», c’est la plus belle course du calendrier!
On vous a vu attaquer à 4 km de l’arrivée. N’aurait-il pas fallu en garder un peu sous la pédale pour la montée finale?
Le vélo, c’est un sport d’équipe… Le but, dans le final, était d’aider Katarzyna Niewiadoma, ma leader. Et puis, quand on démarre à 4-5 kilomètres de l’arrivée, on ne sait jamais ce qu’il peut se passer derrière, les autres filles peuvent se regarder! Mais on m’a sauté dans la roue et le but, c’était d’emmener Katarzyna dans un fauteuil pour le final. Et puis c’est ma manière de courir… Moi, je préfère essayer plutôt que de rester attentiste.
La patience viendra avec l’expérience?
Ça fait bientôt trois ans que je suis devenue professionnelle. Je commence à avoir de l’expérience en course. Je suis plus patiente, mais j’ai encore beaucoup à apprendre. Je suis encore un peu trop active et je devrais savoir m’économiser. J’aurais plus d’énergie dans le final si je me préservais davantage. Mais c’est comme ça que j’aime le vélo. Le spectacle, les attaques, c’est pour ça aussi que le cyclisme féminin est de plus en plus suivi.
Quel est votre programme pour la suite de cette saison?
Il va y avoir d’abord le temps des Classiques belges: le Tour des Flandres, l’Amstel Gold Race, la Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège… Des courses que j’aime bien. Difficiles. Longues. C’est dur du début à la fin. Après, une petite pause et puis la Vuelta, le Giro et le Tour de France. Et puis une fin de saison dont je me réjouis avec les courses en Suisse, avec notamment le Tour de Romandie et une arrivée à Genève. Ça va être tellement cool!
Tours de France, Espagne et Italie… Quand vous avez commencé le vélo, le calendrier n’était pas aussi chargé.
C’est vrai que je suis assez nouvelle dans ce sport, finalement. Mais son évolution est belle. En plus des compétitions qui s’ajoutent au calendrier, on n’avait pas autant de visibilité à l’époque. Maintenant, les courses sont très souvent retransmises, on a 45 minutes, une heure, deux heures d’antenne; il y a un salaire minimal qui a été instauré. Ça se développe! Si ça continue à aller dans ce sens-là, ce ne sera que du bonus.
En Suisse, une équipe au plus haut niveau vient de voir le jour. Il y a les Tours de Suisse et de Romandie. Quel est votre regard là-dessus?
Il manque de la densité à la relève du cyclisme féminin au pays. Cette nouvelle équipe Roland Cogeas peut permettre à des jeunes de chez nous d’avoir accès à un tremplin. Mais cette formation est toute nouvelle et doit engranger de l’expérience, elle doit encore se développer pour être au niveau des meilleures équipes du World Tour. C’est toutefois une bonne nouvelle pour les cyclistes du pays. Chez nous, les hommes ont toujours eu une bonne visibilité. Encore plus maintenant, avec Stefan Küng, Marc Hirschi, Stefan Bissegger et j’en passe. Maintenant, chez les femmes, avec Marlen Reusser et moi, avec les Tours de Romandie et de Suisse féminins, on peut montrer qu’il y a aussi des femmes au top niveau. C’est une bonne chose de montrer que c’est possible d’avoir des résultats en venant d’ici.