FootballAlors, c’était vraiment l’enfer Ibrox?
Réputée bouillante, l’enceinte mythique des Rangers a parfois très fortement résonné dans les oreilles des Servettiens mercredi soir. Mais ce n’était pas une constante.
- par
- Valentin Schnorhk Glasgow
Les tribunes tremblent. Les sifflets perceraient des oreilles. La tension est totale. Et au milieu de ça, Chris Bedia doit rester impassible et se concentrer sur la tâche la plus importante qu’il a eue à accomplir, mercredi à Glasgow: marquer son penalty de la fin de la première mi-temps. L’attaquant grenat l’a remplie et, après coup, on se dit que c’est le geste qui permet à Servette d’être encore en vie avant le match retour de 3e tour qualificatif de Ligue des champions contre les Rangers (2-1).
Et le stade s’est tu. D’un seul coup. Là, l’enfer d’Ibrox n’en était un que jusqu’à ce que les filets de la cage du gardien Butland ne tremblent. On n’a alors entendu plus que les 300 supporters servettiens qui se trouvaient à l’opposé total de là. Les 50’000 Gers qui garnissaient la mythique enceinte n’avaient plus de voix. C’est une scène, qui ne raconte certes qu’un instant, mais qui reste relativement représentative de ce qu’a été ce déplacement historique pour les Genevois.
Tina Turner en bande-son
Il y avait tout de même un parfum particulier que les Servettiens pouvaient humer: celui d’un stade qui a bien envie de s’enflammer. Il y a des choses qui en témoignent: l’ambiance avant le coup d’envoi, les premiers chants, le cadre général avec cette arène pleine. «Quand tu rentres sur le terrain avec Tina Turner (ndlr.: «Simply the best» a accompagné l’entrée des joueurs), c’est quand même quelque chose, en souriait le gardien servettien Joël Mall après la rencontre. La manière qu’a le public de crier, c’est impressionnant. Les gens étaient fous, dans le sens positif du terme. Le premier quart d’heure a été très difficile, à cause de cette ambiance. C’était incroyable. C’en devenait impossible de donner des instructions à mes coéquipiers.»
Parce qu’il faut le noter, le public d’Ibrox a été prompt à se chauffer. Le premier quart d’heure a été intense. Pour Servette, tout allait trop vite, trop fort et les fans suivaient. Là, les Grenat ont connu l’enfer, et ils ont été menés 2-0 de manière assez logique. «Mes joueurs n’ont pas été impressionnés, ils savaient que ça allait être ainsi, mais c’était quand même très compliqué», consentait l’entraîneur René Weiler. Il a fallu se mettre à niveau.
Une ambiance britannique
Pour tout dire, la suite est une autre histoire. Et on a pu constater qu’Ibrox couve en fait une ambiance très «britannique», pas forcément similaire à ce qu’on peut rencontrer ailleurs en Europe. Ce qu’il faut comprendre? Que le bruit et les chants n’y sont pas constants. Il y a certes des poussées qui valent le détour, parce que l’architecture du stade s’y prête et parvient à faire écho, mais les fans réagissent essentiellement à ce qui se passe sur le terrain. Un tacle rageur est très applaudi et salué, alors qu’une contre-attaque mal jouée fait ressortir le dépit des fans.
Et puis, les pertes de temps servettiennes en fin de match, quand il y avait un score à tenir à dix contre onze, ont été copieusement sifflées. Mais pas de quoi faire perdre leurs moyens aux Grenat, qui ont donc pu plus d’une fois déceler les encouragements de leurs plus fidèles.
Là se dresse donc un enjeu: pleine à craquer, la Praille sera-t-elle capable d’impressionner à son tour les Rangers mardi prochain? Plusieurs milliers d’Ecossais sont attendus à Genève. Au public genevois de faire son «boulot».