Guerre en Ukraine«Il est important que la science reste un pont entre les gens»
Plusieurs universités suisses ont suspendu les échanges universitaires vers la Russie mais estiment que les collaborations aux projets de recherches communs doivent se poursuivre; pour autant que les chercheurs russes puissent travailler librement.

L’EPFL a six projets de recherche en cours avec des chercheurs rattachés à des institutions russes.
AFPDepuis le début de la guerre en Ukraine, les sanctions contre la Russie se sont multipliées dans l’Union européenne et en Suisse et certaines touchent le domaine scientifique.
L’organisation faîtière des hautes écoles suisses, swissuniversities, a publié début mars un communiqué appelant les hautes écoles à «examiner leurs coopérations scientifiques avec des hautes écoles en Russie et à les suspendre là où il existe un danger de soutenir la politique belliqueuse du gouvernement russe».
Comment les universités suisses s’adaptent à cette recommandation? L’EPFL a six projets de recherche en cours avec des chercheurs rattachés à des institutions russes. «Aucun ne bénéficie d’une source de financement russe», nous précise Emmanuel Barraud, porte-parole adjoint de l’EPFL.
Il ajoute que «les collaborations déjà engagées entre nos chercheurs et leurs collègues issus de Russie pourront majoritairement se poursuivre, pour autant que les scientifiques puissent travailler librement et dans de bonnes conditions au sein de leur institution. Tout potentiel nouvel accord avec des institutions russes est par contre exclu pour l’instant». M. Barraud nous explique encore qu’«un accord d’échange existe toujours avec la Baumann State Technical University de Moscou, mais aucun étudiant n’y participe, l’accord échoit au mois de juin et ne sera pas renouvelé».
Assistance à la communauté académique
L’Université de Genève nous rappelle la distinction entre les relations interpersonnelles entre scientifiques, qu’elle veut «préserver sans distinction de nationalité», et les relations institutionnelles. Sur ce dernier point, elle «a renoncé à la conclusion de tout nouvel accord avec des institutions russes, gelé la reconduction des accords arrivés à échéance et examiné le contenu des 14 accords encore actifs, dont aucun n’implique de flux financier, pour s’assurer qu’ils ne participent en rien à la politique belliqueuse de la Russie», nous assure Marco Cattaneo, directeur de la communication de l’Unige.
«Nos efforts se concentrent par ailleurs sur l’assistance à tous les membres de la communauté académique impactés par la guerre en Ukraine. Nous aidons étudiants comme chercheurs sans distinction de nationalité, à travers des programmes comme Scholars at Risk ou Horizon académique», poursuit-il
Conserver les relations scientifiques
Dans un article publié ce jeudi, le «Blick» a annoncé que les universités de Berne, Zurich, Saint-Gall, Fribourg et l’EPFZ avaient interrompu les échanges d’étudiants avec les universités russes. L’Université de Bâle rendra sa décision la semaine prochaine.
La position de ces universités quant aux collaborations en cours avec des chercheurs russes est similaire à celle de l’EPFL et de l’Unige. Le quotidien alémanique explique que l’Université de Zurich laisse à ses chercheurs le choix de poursuivre ou non ces projets. Celle de Bâle, qui coopère dans quatre projets avec des chercheurs russes, ne voit pas de raison d’interrompre ses collaborations académiques et Berne examine actuellement ses collaborations en cours.
Pour les universités, il est surtout important de conserver leurs relations scientifiques et de soutenir les chercheurs russes indépendants. «L’EPFL est un terrain neutre et les scientifiques sont avant tout des individus, et non des représentants de leur gouvernement. Il nous semble important que la science reste un pont entre les gens», conclut Emmanuel Barraud.