CoronavirusLe rappel est efficace quel que soit le vaccin
Une étude britannique montre qu’il n’est pas indispensable de recevoir le même produit en troisième dose que celui utilisé pour les deux premières.


Les rappels de Pfizer et de Moderna se sont montrés les plus efficaces, mais tous les vaccins testés l’ont été.
GettyC’est une bonne nouvelle: les troisièmes doses de vaccin sont efficaces et cela quelle que soit la marque injectée. C’est ce que montre une étude britannique publiée le 2 décembre dans le «Lancet». 2878 volontaires tous doublement vaccinés soit avec le Pfizer, soit avec l’Astra Zeneca ont reçu sept vaccins différents, aléatoirement, comme booster.
Les marques des vaccins pour ces rappels étaient, outre l’Astra Zeneca et le Pfizer qui sont autorisés au Royaume-Uni, le Johnson, le Moderna et le Novavax. Deux marques encore autorisées nulle part ont également été injectées, le vaccin à ARNm suisse de CureVac et un vaccin de Valneva à base de coronavirus inactivé. Certains des volontaires ont reçu un vaccin contre la méningite comme moyen de comparaison.
Meilleure protection avec Pfizer et Moderna
Les résultats ont montré que tous les boosters ont renforcé sensiblement l’immunité du patient contre le coronavirus. Sauf celui de Valneva sur les personnes qui avaient été préalablement vaccinées avec le Pfizer. Dans ce cas, le niveau d’anticorps et de cellules T (qui peuvent à la fois attaquer les cellules infectées et aider à produire des anticorps) n’avait augmenté que de 30% alors qu’un booster de Moderna l’augmente de 1000%. Ce sont d’ailleurs clairement les boosters de Pfizer et de Moderna, les deux vaccins à ARNm utilisés en Suisse, qui se sont avérés les plus efficaces. Le vaccin contre la méningite n’a évidemment pas renforcé la réponse immunitaire face au coronavirus.
«Je dirais que quoi que vous ayez eu la première fois, avoir un rappel de vaccin à ARNm est probablement une bonne idée», selon des propos rapportés par Lesactualités. news d’Eleanor Riley, immunologiste à l’Université d’Édimbourg qui n’était pas impliquée dans la nouvelle étude. Ces résultats laissent ainsi une marge de manœuvre aux systèmes de santés des pays pour choisir quel booster prescrire à qui, suivant les disponibilités du produit, mais également en raison d’effets secondaires ou des degrés de protection qui varient suivant les marques. Mais lors de cette étude, les effets secondaires sont restés dans la norme de ceux observés lors de la vaccination.
Trop puissants?
Mais le fait que les vaccins à ARNm augmentent pareillement les défenses immunitaires laisse suggérer aux auteurs de l’étude que les doses administrées pour cette vaccination de rappel sont bien supérieures au minimum nécessaire. On pourrait envisager alors de réduire cette dose, ce qui permettrait d’augmenter considérablement le nombre de vaccins disponibles dans le monde. En outre, «il est biologiquement plausible qu’un dosage fractionné inférieur pour la troisième dose de rappel puisse réduire l’inflammation et éventuellement les taux de myocardite observés après le déploiement du Pfizer ou du Moderna».
L’étude est récente et n’a donc pas suivi les volontaires pour voir dans quelle mesure les injections de rappel prévenaient réellement l’infection ou la maladie. Mais mesurer les niveaux d’anticorps est un assez bon moyen de prédire l’efficacité d’un vaccin. Et les valeurs mesurées ici équivaudraient à au moins 90% de protection contre l’infection.
De l’espoir contre Omicron
Autre constat prometteur, l’augmentation constatée des cellules T grâce aux boosters. Elles jouent en effet un rôle-clé dans la lutte contre le virus. Les lymphocytes T ne se concentrent pas uniquement sur la protéine de pointe du coronavirus, mais «reconnaissent une gamme beaucoup plus large d’antigènes qui pourraient être communs à tous les variants», a expliqué le principal auteur de l’étude, Saul Faust, cité dans l’«Evening Standard». Selon lui, l’immunité à long terme «semble être plus large contre toutes les souches de variants, ce qui nous laisse espérer que toute nouvelle souche pourrait être neutralisée par les vaccins actuels afin d’éviter les hospitalisations et les décès, voire prévenir l’infection».
Des échantillons provenant de cette étude ont été remis à l’Agence britannique de sécurité sanitaire afin de voir s’ils pourraient lui être utiles pour examiner dans quelle mesure le variant Omicron peut être neutralisé par les vaccins.