Football - Babacar Dia: «J’ai perdu mon fils. Il m’a fait un dernier signe»

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FootballBabacar Dia: «J’ai perdu mon fils. Il m’a fait un dernier signe»

Le défenseur d’Étoile Carouge a vécu un drame familial jeudi. Surmontant sa peine, il a trouvé le courage de défendre son poste samedi en Coupe de Suisse lors de la victoire contre Winterthour. Marquant un but tout droit venu du ciel.

Florian Vaney, Carouge
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Florian Vaney, Carouge

Jean-Luc Auboeuf

Babacar Dia s’est-il blessé en retombant? Non. Ce sont des larmes sur son visage. Des larmes qui le clouent au sol. Voilà presque une minute que le défenseur est allé chercher un ballon à près de deux mètres de haut dans une acrobatie folle. Sa bicyclette s’est transformée en but magique. Celui qui parachèvera l’exploit d’Étoile Carouge face à Winterthour (3-1, qualification pour les huitièmes de finale de la Coupe de Suisse). Pourtant, le corps de Babacar Dia reste inerte, face contre terre. Ses coéquipiers comprennent. Après les accolades de rigueur, ils lui laissent l’espace de respirer.

Le récital se termine. Ses partenaires lui tombent dans les bras un à un, les hommages affluent par dizaines. Babacar n’aurait pas dû être là. Pas après l’horreur. Pas après la séparation. Pourtant, il se tient droit, les yeux rougis. Son match fut monstrueux, son calme et sa concentration sans faille. Il articule alors ces mots. «Avant-hier, j’ai perdu mon fils.»

Le silence n’a pas le temps de s’installer. «Tous les joueurs, tout le monde au club: ils ont été géniaux, continue Babacar Dia, qui n’a pas attendu ce drame pour susciter la sympathie et l’attachement. Ils m’ont donné tellement de force. Ce sont eux qui m’ont permis de me relever pour jouer aujourd’hui. Personne ne m’a forcé, chacun aurait compris que je reste chez moi. Mais…» Mais l’homme a puisé au fond de lui un courage monstrueux.

Pour tenir sur ses deux jambes. Pour faire fi des larmes au moment d’emmener sur son dos Étoile Carouge au bout de l’exploit. «Ce soir, c’est ça l’important: on a gagné, tout le monde est heureux. La vie doit continuer. Et moi, j’ai reçu un dernier signe du ciel.» De son fils.

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