États-UnisUne édition imbrûlable de «La servante écarlate» mise aux enchères
Pour lutter contre la censure aux États-Unis, Margaret Atwood a mis aux enchères une édition imbrûlable de son célèbre romain «La servante écarlate».
Une édition imbrûlable de la célèbre œuvre de Margaret Atwood, «La servante écarlate», a été mise aux enchères au profit de la lutte contre la censure aux États-Unis, un phénomène en expansion, ont annoncé mardi son éditeur et la maison d’enchères Sotheby’s.
L’annonce de l’opération, intervenue avant la tuerie qui a fait quinze morts dont 14 enfants dans une école au Texas mardi, est accompagnée d’une vidéo où l’auteure canadienne de 82 ans, ardente défenseure de la liberté d’expression, semble arroser son livre au lance-flammes sans parvenir à le brûler.
En vente sur internet jusqu’au 7 juin, cette édition particulière, fabriquée à partir de papier résistant au feu, avait fait mardi l’objet de cinq offres, la plus élevée à 45’000 dollars. Les recettes seront versées à l’organisation PEN America, qui soutient les auteurs et artistes en danger dans le monde et lutte contre la censure, ont précisé Sotheby’s et l’éditeur Penguin Random House.
Dans un récent index couvrant la période juillet 2021-mars 2022, PEN America a recensé 1586 cas de censure touchant 1145 titres dans 86 districts scolaires de 26 États, à l’initiative des conseils d’école composés d’élus ou des autorités locales.
«Guerre culturelle»
Ce phénomène des «banned books» (livres interdits) est ancien aux États-Unis, mais de son côté, l’Association américaine des bibliothèques (ALA) a recensé 729 procédures pour contester la présence de livres dans les bibliothèques, écoles et universités en 2021, représentant 1597 titres, un record en plus de 20 ans.
«En 2021, les bibliothèques se sont retrouvées en pleine guerre culturelle, des groupes conservateurs ayant mené un combat historique pour interdire et contester les ouvrages traitant du racisme, du genre, de la politique et de l’identité sexuelle», avait souligné l’ALA en présentant ces chiffres dans un rapport annuel.
La palme du livre le plus interdit est revenue en 2021 à Gender Queer, où l’auteure Maia Kobabe raconte son chemin vers une identité non-binaire. «La servante écarlate» (1985), roman d’anticipation décrivant un régime totalitaire où les femmes sont asservies, est une œuvre souvent visée.
En janvier, le roman graphique sur l’Holocauste «Maus», du dessinateur Art Spiegelman, une œuvre au succès planétaire, avait été aussi banni d’un conseil d’école du Tennessee, dans le sud conservateur des États-Unis, pour son contenu jugé «inapproprié».