Guerre en UkraineLe «chantage nucléaire» de la Russie fait réagir jusqu’à l’OTAN
Dimanche, l’Ukraine et l’OTAN ont dénoncé la volonté du président russe de déployer des armes nucléaires en Biélorussie.
L’Ukraine a appelé dimanche à organiser une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pour contrer le «chantage nucléaire» de la Russie, après l’annonce par Vladimir Poutine que Moscou allait déployer des armes nucléaires en Biélorussie.
Les responsables russes ont multiplié depuis un an les menaces à peine voilées de se servir de l’arme nucléaire si le conflit avec Kiev venait à connaître une escalade significative. La Biélorussie, un allié de Moscou, est frontalière de l’Ukraine, de la Pologne et de la Lituanie.
L’Ukraine veut une réunion d’urgence
«L’Ukraine attend des actions efficaces pour contrer le chantage nucléaire du Kremlin de la part du Royaume-Uni, de la Chine, des États-Unis et de la France» en tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, a déclaré le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué.
«Nous demandons qu’une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité des Nations Unies soit immédiatement convoquée à cette fin», a-t-il ajouté en appelant aussi le G7 et l’Union européenne à faire pression sur la Biélorussie en la menaçant de «conséquences considérables» si elle venait à accepter le déploiement russe.
«Nouvelle tentative d’intimidation»
Premier pays occidental à réagir à l’annonce de Vladimir Poutine, l’Allemagne a dénoncé une «nouvelle tentative d’intimidation nucléaire» de la part de Moscou. «Nous n’allons pas nous laisser dévier de notre cap» par ces menaces, a indiqué à l’AFP un responsable du ministère des Affaires étrangères sous couvert de l’anonymat. L’OTAN a fustigé une «rhétorique nucléaire dangereuse et irresponsable», disant «suivre la situation de près».
Plus tôt dimanche, le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien Oleksiï Danilov avait estimé que «le Kremlin a pris la Biélorussie comme otage nucléaire» et représentait un «pas vers la déstabilisation interne du pays», dirigé depuis 1994 par Alexandre Loukachenko.
«Faire peur»
Samedi, Vladimir Poutine a annoncé que la Russie allait déployer des armes nucléaires «tactiques» en Biélorussie et que dix avions avaient déjà été équipés pour être prêts à utiliser ce genre d’armement. «Il n’y a rien d’inhabituel ici: les États-Unis font cela depuis des décennies. Ils déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs alliés», a déclaré Vladimir Poutine lors d’une interview à la télévision russe.
«Nous avons convenu de faire de même», a-t-il ajouté, disant prévoir de «former les équipages» à partir du 3 avril et de «terminer la construction d’un entrepôt spécial pour les armes nucléaires tactiques sur le territoire biélorusse» le 1er juillet.
Traité de non-prolifération nucléaire
Les États-Unis stockent des armes à composante nucléaire dans des bases en Belgique, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas et en Turquie. Les armes nucléaires «tactiques» ont une puissance moindre par rapport à celles dites «stratégiques» mais leurs effets restent mortels et imprévisibles.
Vladimir Poutine «admet qu’il a peur de perdre (la guerre) et que tout ce qu’il peut faire, c’est de faire peur», a déclaré dimanche sur Twitter un conseiller présidentiel ukrainien, Mykhaïlo Podoliak. Il a également accusé le dirigeant russe de «violer le traité de non-prolifération nucléaire». Vladimir Poutine, lors de son annonce, avait précisé que ce déploiement en Biélorussie se ferait «sans contrevenir à nos accords internationaux sur la non-prolifération nucléaire».
Obus à l’uranium
Vladimir Poutine a motivé sa décision samedi par la volonté du Royaume-Uni d’envoyer des munitions à uranium appauvri à l’Ukraine, comme évoqué récemment par une responsable britannique. Il a menacé de recourir également à ce type d’obus, utilisés pour percer les blindages, si Kiev venait à en recevoir. Il a qualifié ce type d’obus d’armes parmi «les plus dangereuses» et qui «génèrent ce que l’on appelle des poussières de radiation».
Lors de récentes négociations à Moscou entre Vladimir Poutine et Xi Jinping, les deux dirigeants avaient énoncé dans une déclaration commune qu’une guerre nucléaire «ne doit jamais être déclenchée», car «il ne peut y avoir de vainqueurs».
La Russie a en outre suspendu le mois dernier l’important traité de désarmement nucléaire New Start signé avec les États-Unis, bien qu’elle a promis de respecter la limitation de son arsenal nucléaire jusqu’à la fin effective de cet accord le 5 février 2026.