Wimbledon«Taylor Fritz n’a pas le crédit qu’il mérite; ce ne sera pas facile pour Rafa»
Pour Arnaud Clément et quelques autres «légendes», l’Américain a tout pour malmener Rafael Nadal, ce mercredi en quarts de finale de Wimbledon (16 h)
- par
- Mathieu Aeschmann Londres
Vingt-quatre heures après le «great escape» de Novak Djokovic face à Jannik Sinner, c’est au tour de Rafael Nadal, mercredi, de jouer pour une place en demi-finale de Wimbledon. L’homme aux vingt-deux titres du Grand Chelem y retrouve Taylor Fritz, 14e mondial et fraîchement titré à Eastbourne. Or pour beaucoup de monde à Church Road, ce quart de finale n’est qu’une étape vers un duel sulfureux contre Nick Kyrgios puis cette potentielle finale de rêve face à Novak Djokovic.
Pour beaucoup de monde mais pas pour les «légendes» du lieu. Réunies mardi matin sur la terrasse du centre de presse avant le début officiel de leur tournoi de double, elles étaient nombreuses à considérer que la route séparant «Rafa» de la finale était réellement semée d’embûches. «On est encore loin d’avoir cette finale entre les deux favoris, souriait Thomas Enqvist, 4e mondial en 1999. Nadal a déjà un match compliqué contre Taylor Fritz qui est très dangereux et reste sur une victoire contre lui en finale à Indian Wells.»
Le rappel fait sens en termes de palmarès (premier Masters 1000 pour l’Américain); moins si l’on prend en compte le contexte. «Il n’y a rien à apprendre de ce match puisque j’avais une fracture de stress aux côtes, a d’ailleurs rappelé le Majorquin après son succès contre Botic van de Zandschulp. Je ne le savais pas mais j’avais tellement mal pendant le match que c’est impossible de tirer un quelconque enseignement de cette finale.»
Cette réserve légitime ne doit toutefois rien enlever à la belle saison du No 1 américain dont la progression impressionne Arnaud Clément, observateur très attentif du circuit. «Taylor Fritz ne reçoit pas le crédit qu’il mérite, insistait l’ancien finaliste à l’Open d’Australie 2001. J’ai commenté beaucoup de ses matches depuis l’année dernière. Et je me disais souvent: «ça ne va pas passer, il n’est pas assez solide physiquement. il est un peu fragile, etc.» Mais au final, il m’a souvent surpris. J’aime sa manière de jouer. Il est hyper agressif et, dans les moments importants, il ne va pas attendre et espérer. Il va chercher ses matches. Je peux me tromper mais je m’attends à un match compliqué pour Rafa.»
Une volée un peu fragile
Et l’ancien capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis de décrire les atouts d’un joueur qui a tendance à évoluer sous les radars. «Il est très fort au service, son coup droit est monstrueux quand il a du temps et son revers est solide. Après, je lui vois un point faible qui peut s’avérer rédhibitoire contre Rafa: sa volée. Parfois, il peut faire un blocage et chuter en confiance. Or contre Nadal, tu sais que tu vas devoir volleyer. Ensuite même s’il ne défend pas très bien, je trouve qu’il bouge pas mal pour sa taille. Enfin le plus important, Taylor Fritz joue ces gros matches pour gagner. Je ne dis pas qu’il est mûr pour remporter un Grand Chelem. Mais à l’échelle de ce quart de finale, c’est un client.»
Voilà qui est dit. Alors qu’il se trouve à dix victoires du Grand Chelem calendaire (3+10), Rafael Nadal attaque donc, mercredi après-midi (env. 16 h) son premier test très sérieux de la quinzaine.