Hockey sur glaceRikard Grönborg a-t-il lui aussi dépassé les limites?
L’entraîneur des ZSC Lions était sans filtre, dimanche, au Hallenstadion, où il a évoqué un Mark Barberio «en surpoids» et un Justin Krueger qui «peut à peine patiner». Réactions.
- par
- Jérôme Reynard
Rikard Grönborg était hors de lui, dimanche, au Hallenstadion. L’entraîneur des ZSC Lions n’a pas du tout apprécié le vilain cross-check du capitaine lausannois Mark Barberio sur son top-scorer, Garrett Roe (31e). D’autant que ce geste est intervenu sept mois après de premiers incidents impliquant déjà le défenseur québécois, auteur au même endroit d’un enchaînement piquage - charge contre la bande sur Sven Andrighetto qui lui avait valu six matches de suspension.
Le coach suédois en avait après Mark Barberio (et les arbitres, qui n’ont rien vu…) mais pas seulement. Après une rencontre que l’on qualifiera de houleuse (encore une, entre ces deux équipes), il n’a pas hésité à faire savoir au staff technique adverse son mécontentement face à l’attitude vaudoise en général (9x2’ et 2x10’ de pénalité, notamment pour dureté excessive et comportement anti-sportif).
Et puis il s’est lâché en zone d’interview, sans filtre. Mark Barberio? «Il est encore plus en surpoids que la saison passée et n’arrive pas à suivre, alors il agit ainsi. Je ne comprends pas pourquoi il continue à jouer.»
La rivalité avec le LHC, née lors des derniers play-offs? «Ce n’est pas nous! Nous, on ne joue pas comme ça! C’est Lausanne! Ils visent nos meilleurs joueurs à chaque fois. Le comportement de cette équipe est embarrassant. Le coach (ndlr: John Fust) ne contrôle pas son groupe. Et un coach qui ne parvient pas à maîtriser son vestiaire ne devrait pas œuvrer en National League.»
Rikard Grönborg en a encore rajouté avec nos confrères de Blick en aparté. «Le LHC est une honte pour la Ligue. Pourtant, c’est une bonne équipe sur le papier. Enfin… Le No 3 (ndlr: Justin Krueger) peut à peine patiner…»
Au bout du compte, même si la colère de l’entraîneur zurichois était justifiée - notamment vis-à-vis du dérapage de Mark Barberio, qui devrait lui valoir une nouvelle suspension - une question se pose. Un coach professionnel, par ailleurs aussi expérimenté (on parle d’un double champion du monde à la tête de la Suède, en 2017 et en 2018), peut-il se permettre de telles déclarations en public? Et en toute impunité?
Dimanche soir au Hallenstadion, John Fust était clair. «J’espère que la Ligue ouvrira une enquête contre les entraîneurs zurichois pour leur attitude après la sirène finale à la bande. Des insultes et des provocations comme ça, c’est inacceptable.» Et ça, c’était avant que Rikard Grönborg ne s’exprime devant les médias…
Lausanne va réagir
«Il a dépassé les limites, a réagi le boss lausannois Petr Svoboda, contacté lundi matin par téléphone. C’est sûr que Mark Barberio va être puni et que ce sera évidemment accepté. Mais de tels propos, ce n’est pas tolérable. Nous allons faire quelque chose. Nous allons y réfléchir aujourd’hui, pour prendre la bonne décision, au calme. Zoug nous a déjà récemment accusés publiquement de pas avoir pris soin de l’un de leurs joueurs blessés lors d’un match à la Vaudoise aréna (ndlr: Dario Simion). Maintenant il y a ça. Le traitement dont nous sommes victimes doit s’arrêter.»
Tout le monde s’accorde sur le cross-check de Mark Barberio, c’est indéniable. Et sur l’attitude de Rikard Grönborg? «J’aime bien voir le gars se lever pour protéger son équipe, répond Geoffrey Vauclair, observateur attentif de la National League. Après, nommer personnellement des joueurs de la sorte, ce n’est clairement pas une bonne idée. Il ne peut pas dire ce qu’il a dit.»
Pas de règle d’éthique
Le coach suédois devrait-il être sanctionné? «Si ça dégénère ou que cela devient monnaie courante, oui. Là, il ne faut pas en faire de cas selon moi», répond l’ancien international.
«La Ligue n’a pas de règle d’éthique très claire, mais c’est dommage, avance de son côté le consultant pour MySports Stéphane Rochette, ancien arbitre professionnel. De telles attaques personnelles, c’est un gros manque de classe. Et c’est typique d’un entraîneur sous pression, qui a besoin de prouver des choses. Il est ridicule mais il n’est pas le premier à agir de la sorte non plus. A l’époque, je me souviens qu’Arno del Curto avait traité Karol Popovic (ndlr: arbitre slovaque) de mangeur de patates à la télévision.»
Contactée, la Ligue nous a confirmé que Rikard Grönborg ne devrait pas être sanctionné. «Mais nous allons discuter avec les dirigeants des ZSC Lions, a averti Reto Bürki, responsable de la communication. Il y a des émotions qui datent des derniers play-offs entre ces deux équipes, mais cette réaction et ces déclarations, c’était trop. La Ligue appelle au respect, à la loyauté, au fair-play et elle espère que cela va se calmer.»