Jura bernois: «Ces loups tuent pour le plaisir»

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Jura bernois«Ces loups tuent pour le plaisir»

Les attaques se succèdent dans les troupeaux, mais l’éleveur Ronald Sommer ne les attribue pas à une meute.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
Les éleveurs tremblent pour leurs moutons, leurs chèvres et leurs veaux.

Les éleveurs tremblent pour leurs moutons, leurs chèvres et leurs veaux.

lematin.ch/Vincent Donzé

Après des attaques commises cette semaine dans des élevages de Cormoret et de Renan deux fois, la mort de six moutons à Saicourt est attribuée au loup. Pour le Jura bernois, la liste des carnages inclut Courtelary, Corgémont, Orvin et Roches. Les autorités cantonales estiment les pertes à 28 moutons et chèvres, ainsi qu’à un veau.

«Aucun des animaux de rente ne faisait l’objet de mesures suffisantes de protection des troupeaux contre les attaques de loup», souligne la Direction cantonale de l’économie, de l’énergie et de l’environnement. Une version contestée par des éleveurs, selon qui les chèvres attaquées à Roches étaient protégées correctement.

À l’heure actuelle, aucune prescription légale ne justifie le tir d’un loup dans le Jura bernois: dans les périmètres où la présence du loup est attestée, seuls les animaux de rente protégés sont comptabilisés, si bien que le contingent minimum n’est pas atteint.

Pas une meute

Quatre attaques en trois jours dans le Jura bernois, est-ce le fait d’un seul loup? «Ça ne peut pas être une meute, tout au plus deux individus isolés qui font cause commune», analyse Ronald Sommer, secrétaire général de l’association suisse pour la protection des territoires contre les grands prédateurs.

De l’avis de Ronald Sommer, la saison actuelle est celle des louveteaux nés au printemps 2022, voire 2021, autant de subadultes chassés par un chef de meute. «Ces loups sont des ados en plein apprentissage qui tuent pour le plaisir», estime cet éleveur qui détient 450 moutons à Monible. Ainsi, à Cormoret, rien n’a été consommé, entre une brebis tuée et un agneau blessé qui a été euthanasié.

Caisses vides

Comment savoir si le prédateur est un loup et pas un renard, un lynx ou un chien? «La manière de tuer est caractéristique, les morsures aussi, qui définissent la dentition», indique Ronald Sommer. À la première attaque, un éleveur est indemnisé, mais à la deuxième, son enclos doit être réglementaire, alors que les caisses fédérales servant aux indemnités sont vides, constate Ronald Sommer.

Jeudi dernier, l’association «Campax» a déposé à la Chancellerie fédérale une pétition munie de 48’348 signatures opposée à la décision de restreindre l’hiver prochain les meutes de loups pour n’en garder que douze, contre 31 actuellement. Selon les pétitionnaires d’«Arrêtez le massacre des loups!» des mesures urgentes ne se justifient pas au vu du recul du nombre d’attaques de loups en Valais et dans les Grisons.

Aucune protection

Pour le «Groupe Loup Suisse», la protection des troupeaux est une mesure plus appropriée que les tirs pour protéger les animaux de rente. Selon l’organisation, des données sur le Valais montrent que 80% des animaux tués ne bénéficiaient d’aucune protection.

Les autorités bernoises rappellent aujourd’hui que «les mesures de protection des troupeaux sont essentielles pour assurer la cohabitation des loups et des animaux de rente», mais également pour ordonner les tirs de loups. L’office bernois de l’agriculture et de la nature appelle les détenteurs de troupeaux «à accorder la plus grande attention à cette thématique» et à se faire conseiller gratuitement auprès du canton.

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