SportCommentaire: En Suisse, on est des génies du sport (et des formules)
Play-in incompréhensibles, équipes qui se retirent, ligue professionnelle à six… Les fédérations suisses sont capables d’inventer des choses hallucinantes. Pour le meilleur, des fois, mais quand même souvent pour le pire.
- par
- Robin Carrel
Les saisons des divers sports «de pointe» en Suisse commencent à voir le bout. L’occasion de tirer un bilan. Pas par rapport à qui va gagner ou perdre, même si on sait déjà que Genève-Servette ne conservera pas son titre en hockey. L’idée, ici, n’est pas de dire pourquoi les Aigles se sont crashés en route après un titre national et un sacre européen, mais bien comment. Parce que sérieusement, je n’ai pas compris grand-chose aux play-in de National League. Et des formules alambiquées, on est bien les champions du monde. Après, faut pas s’étonner…
Je dois dire que j’ai été pris de vitesse par l’actualité. À force de suivre le vélo, le foot, le ski, le freestyle de tous bords, je n’avais pas pris le temps d’enregistrer bien comme il le fallait la nouvelle formule des play-in. Je sais bien que la National League invente ses propres règles parce qu’elle fait comme elle veut. Mais je dois vous avouer une chose: je n’étais pas prêt. Pas prêt du tout! Essayer d’inventer des formules comme en NHL alors qu’il y a l’Ilfis et les Vernets dans ton championnat, quand même, il faut avoir des joues.
Le truc des matches aller et retour sans prise en compte du goal-average, vous avouerez que personne ne pouvait s’y préparer. Tu gagnes 14-0 l’aller et tu tombes sur un gardien en feu au retour, tu tapes trois fois le poteau dans la prolongation du deuxième match et une déviation de l’oreille dans le temps supplémentaire et ta saison est terminée? Mais dans quel cerveau malade a pu naître un tel truc, sérieux? Pendant ce temps-là, les mieux classés sont au repos forcés et vont arriver sans rythme quand ça compte. MAIS POURQUOI?
Et puis bon, c’est plus globalement le sport suisse dans son ensemble qui est un génie des formules magiques. On a longtemps pesté contre la mythique «formule Rumo» en Ligue nationale A de foot, mais depuis, nous n’avons jamais oublié de nous surpasser dans toutes les disciplines ou presque. Et quand ce ne sont pas les génies des ligues qui sortent un lapin de leur chapeau, ce sont les clubs qui rendent le tout encore plus complexe. Tiens… Et s’il n’y avait pas là un certain corollaire?
Imaginez comme la Swiss League de hockey est incroyable. Pour monter en 2e division helvétique, le HC Coire a dû montrer patte blanche au niveau de la licence. Bon, ça, OK, pas de problème. Mais il a quand même fallu remplir une condition sportive: jouer les demi-finales de la compétition. «Vainqueur de la qualification, le EHC Chur a fait honneur à son rôle de favori en s’imposant 3-1 dans sa série de quarts de finale face au SC Langenthal, l’équipe des frères von Arx signant un 10-0 lors de l’acte III, est-il expliqué sur le site de la ligue, le tout traduit par Syntax Translations Ltd. Avec le mode de promotion-relégation en vigueur, cette victoire en quarts de finale rime avec promotion en Swiss League pour les Grisons. Après 16 ans d’absence, le EHC Chur retrouvera ainsi la deuxième division suisse dès la saison prochaine.»
Les Grisons sont donc montés en battant en quarts de finale une équipe qui s’était volontairement reléguée et ils remplacent ainsi en Swiss League une formation qui s’est auto-reléguée cette saison: le HC Martigny Valais Entremont CP Charrat HC Valais Chablais. Ou un truc comme ça, je n’ai pas eu le temps non plus de suivre l’évolution du club d’Octodure. Quand des clubs historiques fuient ta division, il est temps de se poser les bonnes questions.
Ces interrogations, je me les pose aussi quand je me promène très très loin dans le bas-fond des sports du Teletext. Genre à partir des pages 380, il y a de quoi tourner de l’oeil. La LNA de basket messieurs se joue à dix, mais celle des femmes à huit. Bon… Ensuite, il y a des coupes. OK… Et puis après c’est le volley et là ça devient énorme. Il n’y a plus que sept équipes en 1re division chez les messieurs, mais bientôt plus que six parce que Lucerne s’est sabordé (dix chez les dames). Un championnat national à six équipes, je crois qu’il faut le réécrire une fois.
Je veux bien croire qu’il n’est pas chose aisée pour les grands décideurs de faire avec les aléas du sport en Suisse, dans des divisions pas forcément super médiatisées et simples à vendre aux sponsors et aux diffuseurs. Mais ce sont aussi des disciplines qui n’ont pas forcément les moyens de leurs ambitions de ligues complètement professionnelles et il faut savoir s’y résoudre, rien que pour la crédibilité de la compétition. Par pitié!
Il ne manquerait plus qu’au foot, on s’arrête après les trois quarts de la saison et qu’on sépare le classement en deux… Ce serait le pompon.
Hein?