FootballCommentaire: Young Boys est en train d’assommer la concurrence
Au Wankdorf, les annonces s’enchaînent à un rythme fou. Après Ugrinic mardi et Itten mercredi, voici Raphaël Wicky, intronisé sur le banc bernois. Avec une ambition clairement affichée: récupérer le titre de champion.
- par
- Nicolas Jacquier
Après quatre ans d’exil, Raphaël Wicky (45 ans) est de retour en Suisse, et pas n’importe où. Demeuré sans banc depuis son éviction du Chicago Fire (Major League Soccer) à l’automne 2021, le Valaisan a choisi de rebondir sur celui des Young Boys, sans doute la plus belle adresse de Super League et certainement la plus stable aussi.
L’ancien international helvétique (75 sélections entre 1996 et 2007) n’a rien précipité avant de retrouver la lumière. Après la fin de son expérience américaine, il avait sciemment repoussé toutes les propositions afin de se consacrer à son papa malade. Ce congé sabbatique fut aussi l’occasion pour lui de se ressourcer dans un cadre plus intimiste.
À Berne, Wicky succède à Matteo Vanetta, coach intérimaire qui n’aura pas réussi à transformer l’essai - le Tessinois avait assuré la transition après le limogeage de David Wagner, une erreur de casting qui avait «pourri» la saison du champion de Suisse en titre, privé d’une cinquième couronne consécutive autant en raison de l’avènement inattendu du FC Zurich que de ses propres manquements.
Passage décevant à Bâle
Remettre YB au centre de l’arène helvétique (sa place naturelle) et peut-être européenne, c’est la mission confiée à Raphaël Wicky. Intelligent et polyglotte, l’homme, qui a mûri de ses échecs, possède aujourd’hui la carrure pour y répondre. Au moment où il lui faudra aussi assurer le service après-vente, que lui réservera l’avenir?
Voici cinq ans, sa première expérience sur un banc de Super League - celui du FC Bâle en l’occurrence - avait tourné au fiasco. Au bord du Rhin, le Valaisan savait qu’il avançait en terrain miné. Des querelles de personnes et la perte d’un titre auquel les Rhénans étaient abonnés depuis huit ans avaient trop vite savonné la pente et accéléré sa chute.
En débarquant dans la capitale avec son charisme et ses certitudes, Wicky ne laissera pas filer cette fois sa deuxième chance. Voir comment il s’y prendra pour relancer les actions bernoises s’annonce captivant.
Dans la lutte à laquelle se livrent les grosses cylindrées helvétiques, Young Boys a repris la main de façon magistrale. Alors que Bâle et Zurich (qui n’a pas encore désigné le successeur de Breitenreiter sur son banc) font dans la discrétion, le club bernois enchaîne les communiqués triomphants. Filip Ugrinic débauché au FC Lucerne mardi, Cédric Itten rapatrié des Glasgow Rangers mercredi, Raphaël Wicky officialisé ce jeudi à 7 h 30… Marquant son territoire, YB a déjà ratissé large et frappé fort par rapport à la concurrence. Promu nouveau directeur sportif, Steve Von Bergen ne pouvait rêver meilleure intronisation.
Coéquipiers sur le terrain, rivaux sur le banc
Avec un recrutement XXL loin d’être terminé, YB, ambitionnant clairement de récupérer son titre, se positionne en favori No 1 à sa non-succession. Ironie du s(p)ort, le nouveau coach du Wankdorf s’apprête à croiser le fer avec Alexander Frei, qui l’avait naguère remplacé à Bâle pour gérer les affaires courantes l’espace de deux matches avant d’être intronisé cet été même dans le rôle de «cheftrainer» à Saint-Jacques.
Wicky d’un côté, Frei de l’autre, voilà qui fait aussitôt resurgir quelques-unes des plus belles pages de l’équipe de Suisse - désormais rivaux, les deux coéquipiers avaient été associés sous le maillot national entre 2001 et 2007. Leurs retrouvailles à distance ne sont cependant rien comparées à la reconstitution du duo Spycher-Wicky au quotidien.
En ce début de mercato, l’activité débordante d’YB tranche avec le silence actuel des clubs romands. Tant Servette que Sion n’ont encore rien annoncé. À la Praille comme à Tourbillon, l’impatience n’est pas loin de gagner les fans.