États-UnisAppel à identifier 31 victimes du plus grand des tueurs en série
Samuel Little, mort en prison en 2020, a avoué et décrit 93 meurtres de femmes. Mais la police n’a pas réussi à mettre de noms sur un tiers d’entre elles et demande de l’aide.
- par
- Michel Pralong
À lui seul, Samuel Little a commis plus de meurtres que Ted Bundy et Jeffrey Dahmer réunis. Condamné en 2014 pour l’assassinat de trois femmes, il commence à être interrogé en 2018 par le Texas Ranger James Holland, spécialiste des interrogatoires de crimes en série. Au cours des 700 heures d’entretien menées avec lui, Samuel Little, qui a une mémoire photographique, avoue… 93 meurtres, le plus grand nombre jamais recensé pour un serial killer aux États-Unis. Il décède en prison en 2020, à 80 ans.
Grâce aux descriptions de Little et aux portraits des femmes qu’il a dessinés, la police est parvenue à mettre un nom sur exactement deux tiers d’entre elles, soit 62. Bon nombre avaient été reconnues par des proches, les médias ou d’autres policiers suite à une émission télé de «60 minutes» en 2019 consacrée à l’affaire. Little étouffant quasi systématiquement ses victimes (sauf deux qui ont été noyées), la cause du décès a souvent été attribuée à une overdose, par exemple, mais pas à un crime. Le tueur en série a donc détaillé bon nombre de meurtres qui, jusqu’à présent, ne sont pas recensés comme tels. Il reste 31 noms à mettre sur les malheureuses qui sont tombées entre ses mains.
Détails des meurtres sur internet
Mercredi 1er décembre, le FBI, le Ministère de la justice et les Texas Rangers ont publié les profils de 31 autres victimes non identifiées de Little. Les descriptions détaillées couvrent des meurtres dans 9 États de 1970 à 1997. Car si ce vagabond, escroc et ancien boxeur amateur se souvient parfaitement des circonstances de tous ses meurtres, il a des problèmes de localisation précise et de datation. Il s’est avéré qu’il détaille un meurtre commis à 10 ans d’écart et à plus de 50 km de distance par rapport à ses souvenirs.
L’homme, qui a commencé à tuer dans les années 1970, s’attaquait le plus souvent à des femmes en marge de la société, prostituées ou toxicomanes, qu’il emmenait faire un tour avant de les étrangler, en ayant parfois des relations sexuelles, mais sans forcément les contraindre. Des auto-stoppeuses et des étudiantes figurent également parmi ses victimes.
Il l’étrangle dans sa Cadillac
Les 31 descriptions de meurtres publiées par la police sont très détaillées. Little se souvient très bien de la taille et de l’âge de ses victimes, qu’il a d’ailleurs à chaque fois dessinées sur la demande des enquêteurs. Il raconte par exemple que, vers septembre 1992, alors qu’il conduisait sa Cadillac à Los Angeles, il a rencontré une femme noire mesurant 1,70 m et pesant 90 kilos. Il l’a étranglée dans sa voiture à l’arrière d’un magasin. Elle a toutefois réussi à klaxonner pendant qu’il l’étranglait, attirant l’attention d’un homme. Mais, alors qu’elle était maintenant morte, il l’a calée sur le siège avant comme si elle dormait puis est parti. Il a déposé le corps sur une pelouse derrière un bâtiment, face contre terre, «avec sa jupe relevée sous la pluie», se souvient-il.
Pour James Holland, il est nécessaire d’à nouveau faire appel au public afin que les enquêteurs aient les meilleures chances de clore enfin le dossier Little. «S'il y a une lueur dans tout cela, c’est de montrer que les victimes n’ont jamais été oubliées et que les forces de l’ordre ont travaillé sans relâche dans un effort combiné pour s’assurer que le mal fait par Little ne reste pas sans réponse».
Samuel Little lui-même ne savait pas combien de femmes il avait tuées. Mais il a raconté tous ses meurtres et les enquêteurs en ont donc compté 93. Et une fois qu’il les a tous détaillés, il s’est arrêté, disant qu’il n’en avait pas commis d’autres et la police pense qu’en effet, la liste est complète.