LibanLes cinq braquages de banque de ce vendredi font gonfler les statistiques
Désespérés, de plus en plus de Libanais attaquent des banques pour tenter de récupérer leurs économies, bloquées depuis trois ans, afin, notamment, de payer des frais de santé.

Ce vendredi matin, un homme s’est enfermé à l’intérieur d’une succursale de la Blom Bank dans le quartier de Tarik Jdidé, à Beyrouth. Selon des témoins, il s’agit d’un commerçant endetté, qui réclame le retrait de ses économies gelées et ne serait pas armé.
AFPLe Liban a été frappé par une série de braquages de banque, cette semaine, dont cinq pour la seule journée de vendredi, alors que de nombreux épargnants sont désespérés face à l’impossibilité de retirer leurs économies, bloquées depuis trois ans dans ce pays ravagé par une crise économique inédite. Au total, sept braquages ont eu lieu en deux jours dans différentes régions du pays.
Depuis 2019, le Liban est plongé dans une profonde crise économique imputée par une grande partie de la population à la mauvaise gestion, la corruption, la négligence et l’inertie d’une classe dirigeante en place depuis des décennies. La crise s’est caractérisée par des restrictions bancaires draconiennes, empêchant les épargnants d’avoir librement accès à leur argent, tandis que la monnaie locale a perdu plus de 90% de sa valeur par rapport au dollar sur le marché noir.
Un effet boule de neige
Mercredi, le braquage mené par une jeune Libanaise prenant d’assaut une banque de Beyrouth, pour récupérer ses économies bloquées, afin de payer les frais d’hospitalisation de sa sœur, atteinte d’un cancer, a eu un effet boule de neige. Ce même jour, un homme a braqué une autre banque dans la localité d’Aley, au nord-est de la capitale.
Vendredi, cinq autres braquages ont été recensés, dont trois à Beyrouth et deux dans le sud du pays. Tôt le matin, un homme de 50 ans, accompagné de son fils âgé d’une vingtaine d’années, a fait irruption dans une succursale de la Byblos Bank à Ghaziyeh, au sud-est de Saïda, la principale ville du sud du Liban, a affirmé un gardien de sécurité qui a été témoin de l’incident.
«Il a vidé un bidon d’essence sur le sol»
L’homme a menacé les employés de la banque avec une arme, qui, selon une chaîne de télévision locale serait factice, réclamant le retrait de ses économies gelées depuis l’effondrement bancaire, qui a créé l’une des pires crises économiques du monde depuis 1850, selon la Banque mondiale. «Il a vidé un bidon d’essence sur le sol, semant la panique dans la banque», a affirmé le gardien de sécurité.
Suite à cet incident, deux autres banques ont été prises d’assaut quelques heures plus tard, à Beyrouth. Dans le quartier de Tarik Jdidé, la situation sécuritaire était tendue après qu’un homme s’est enfermé à l’intérieur d’une succursale de la Blom Bank avec des policiers, ont déclaré des témoins rassemblés dans la rue. Selon eux, il s’agit d’un commerçant endetté, qui réclame le retrait de ses économies gelées et ne serait pas armé.
Trois kilomètres plus loin, dans le quartier de Ramlet al-Bayda, un homme armé d’un fusil de chasse a pris d’assaut une succursale de la Lebanon & Gulf Bank, ont affirmé des habitants. Deux autres banques ont été braquées par des clients voulant retirer leurs économies, portant à cinq le nombre d’incidents de ce type dans le pays en une journée.
Épargnant pas poursuivi
Le mois dernier, un épargnant a été acclamé par la foule après avoir fait irruption dans une banque à Beyrouth, réclamant, fusil à la main, ses plus de 200’000 euros d’économies pour payer les frais d’hospitalisation de son père. La banque avait fini par lui donner près de 30’000 euros, et il s’était rendu aux autorités. Il n’a pas été poursuivi.