Proche-OrientLes hôpitaux de la ville de Gaza cernés par les combats
Les médecins et patients des hôpitaux de la ville de Gaza se sentent «assiégés», alors qu’ils devraient s’y «sentir à l’abri». Le CICR estime qu’on a atteint un «point de non-retour».
Où s’abriter? «Nous sommes assiégés» au cœur du principal hôpital de Gaza, lance, ce vendredi, un habitant réfugié dans ce vaste établissement pris dans l’étau de la guerre entre Israël et le Hamas. «Nous sommes assiégés, il nous faut l’aide de la communauté internationale, les gens meurent ici faute de traitement», s’alarme Atef, rencontré par l’AFP dans une salle de l’hôpital al-Shifa, encombré de brancards.
Ce grand complexe hospitalier de la ville de Gaza a vécu des heures dramatiques vendredi, touché, selon des responsables palestiniens, par une frappe israélienne qui a fait 13 morts. L’armée israélienne a refusé de commenter ces affirmations.
Les larmes déforment le visage de Hanane, une mère de famille dont la fille, blessée, «se met à trembler à chaque explosion». L’enfant a été touchée dans le bombardement d’une file d’attente devant une boulangerie, raconte-t-elle, en se demandant «comment aller rejoindre le reste de sa famille dans le sud» de la bande de Gaza, moins touché par les combats que la partie nord de l’étroit territoire palestinien.
Israël «conscient» du «caractère sensible» des hôpitaux
L’armée israélienne dit, depuis plusieurs jours, que ses troupes combattent désormais le mouvement islamiste palestinien Hamas au cœur de la ville de Gaza. Une division mène d’importantes opérations dans une zone «très très proche» de l’hôpital al-Shifa, avait dit, jeudi soir, un porte-parole. «Nous sommes conscients du caractère sensible des hôpitaux», a commenté, vendredi, ce porte-parole, Richard Hecht.
Mais «si nous voyons des terroristes du Hamas tirer depuis des hôpitaux, nous ferons ce qu’il faut. Si nous voyons des terroristes du Hamas, nous les tuerons», a-t-il ajouté, assurant que le Hamas, classé «organisation terroriste» par l’UE et les États-Unis, «opère depuis les hôpitaux» de Gaza.
Face à l’avancée des troupes israéliennes et aux bombardements ayant détruit des habitations, des dizaines de milliers de personnes ont trouvé refuge dans l’enceinte des hôpitaux de la ville, qui comptait, avant la guerre, près de 600’000 habitants.
«La vie de milliers de blessés, de malades et de déplacés» en danger
Dans l’hôpital al-Rantissi, à quelques centaines de mètres de Shifa, une jeune fille confie, désemparée: «On nous a demandé de quitter immédiatement l’hôpital, mais il n’y a ni la Croix-Rouge ni quoi que ce soit pour garantir la sortie en sécurité des civils. Les chars israéliens nous assiègent de toute part.»
Le Croissant-Rouge palestinien a affirmé que des tirs de soldats israéliens, vendredi, sur l’hôpital Al-Quds avaient fait au moins un mort et 20 blessés. «Les hôpitaux ont atteint un point de non-retour qui met en danger la vie de milliers de blessés, de malades et de déplacés», s’est alarmé, vendredi, le Comité international de la Croix-Rouge. L’organisation rappelle que les hôpitaux doivent bénéficier d’une protection spéciale, «en vertu du droit humanitaire international».
L’armée israélienne publie régulièrement des images et documents qui prouvent, selon elle, que le Hamas utilise les quartiers des hôpitaux de Gaza pour lancer ses attaques, abriter ses infrastructures de combat et ses armes. Le Hamas dément fermement ces allégations.
«Tous les hôpitaux de la ville ont été visés»
Les traits visiblement tirés, dans sa blouse bleue de médecin, Mohammed Abou Salmiya, directeur de l’hôpital al-Shifa, assure que «tous les hôpitaux de la ville de Gaza ont été visés» par l’armée israélienne vendredi. «Nous ne pensions pas voir, en 2023, des hôpitaux bombardés. Nous ne pouvons pas évacuer, car nous avons plus de 60 patients en soins intensifs, plus de 50 bébés en couveuses, plus de 500 patients sous dialyse.»