ÉcologieQuand la pollution des camions peut se transformer en engrais
Des chercheurs de l’EPFL sont sur le point de commercialiser un système qui promet de réduire de 90% les émissions de CO2 des camions.
- par
- Julien Baumann
Le procédé pourrait avoir l’air d’un tour de passe-passe, mais est pourtant bien réel. Transformer le CO2 rejeté par les camions en un liquide pouvant être valorisé «dans l’industrie alimentaire, dans l’agriculture sous forme d’engrais, dans la production d’énergie ou de matériaux de construction», est bel et bien un projet qui est en passe de se concrétiser, lit-on ce mardi dans un communiqué de l’EPFL. Un premier véhicule doit être testé à la fin de l’année prochaine.
Le brevet pour cette technologie promettant la réduction de 90% les émissions de CO2 des poids lourds a été déposé en 2019. «Passer du laboratoire au milieu industriel est une première étape enfin réalisée. Notre prochaine étape est de rendre le dispositif suffisamment petit pour être intégrable au camion», se réjouit Théodore Caby, cofondateur de la start-up Qaptis, chargée de développer le projet. L’appareil doit capter et transformer le gaz directement dans le pot d’échappement du véhicule. La miniaturisation du système prendra encore plusieurs mois selon l’entreprise.
D’abord les entreprises locales
Une fois liquéfié, le CO2 sera stocké dans une cuve à l’arrière de la cabine, puis déchargé au retour du camion à l’entreprise. «Dans un premier temps, nous visons les entreprises de transport locales soucieuses de l’environnement», précise Théodore Caby. Pour s’étendre sur un réseau plus vaste, Qaptis prévoit ensuite de développer le système de récupération afin que les conducteurs puissent déverser le CO2 liquide dans des stations-service.
«La grande entreprise de transport locale avec qui nous sommes en contact souhaite utiliser notre technologie rapidement pour ses transports quotidiens. Des entreprises asiatiques nous ont également contactés, mais nous visons dans un premier temps les marchés suisses, allemand et autrichien», ajoute le responsable. Cette technologie pourrait être adaptée pour capter le CO2 d’autres moyens de transport comme les bateaux.
Encore peu de camions électriques
En Suisse, plus d’un million de tonnes de CO2 émises chaque année sont imputables aux camions selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique. La part de camions électriques reste confidentielle, souligne l’EPFL. En Europe, 600 camions électriques de seize tonnes et plus ont été immatriculés durant le premier trimestre 2023, contre 86’455 véhicules thermiques de même volume. Qaptis développe son prototype de système de transformation du CO2 émis par les camions en partenariat avec un transporteur romand dans le but «d’accélérer le processus de décarbonation».
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