Attentat en Tunisie«Sans l’intervention rapide des forces de sécurité, un carnage aurait eu lieu»
Après l’attaque qui a fait cinq morts, mardi, devant une synagogue à Djerba, les autorités tunisiennes mènent l’enquête. Et d’autres louent la réaction des gendarmes face à l’acte du tireur.
Les autorités tunisiennes tentent, mercredi, d’élucider les circonstances d’une attaque menée par un gendarme ayant tué trois de ses collègues et deux fidèles devant une synagogue sur l’île de Djerba, pendant le pèlerinage juif annuel, avant d’être abattu. La synagogue de la Ghriba, la plus ancienne d’Afrique, avait déjà été visée en 2002 par un attentat suicide au camion piégé, qui avait fait 21 morts.
«L’enquête est en cours pour déterminer les responsabilités engagées dans cette attaque lâche», a indiqué le Ministère tunisien des affaires étrangères. L’attaque a eu lieu en deux temps, alors que des centaines de fidèles achevaient le pèlerinage juif annuel de la Ghriba, mardi soir. Selon les autorités, le gendarme a d’abord tué l’un de ses collègues par balle sur le port, s’emparant de son arme et de ses munitions. Il s’est ensuite rendu aux abords de la synagogue, à une quinzaine de kilomètres, où il a ouvert le feu sur les forces de l’ordre qui assuraient la sécurité du lieu, avant d’être abattu.
Deux fidèles, un Tunisien et un Franco-Tunisien, ont été tués devant la synagogue et quatre autres ont été blessés et évacués vers un hôpital. Six gendarmes ont également été blessés, deux d’entre eux succombant à leurs blessures.
«Un vrai cauchemar»
Selon l’ancien ministre tunisien du Tourisme, René Trabelsi, une figure de la communauté juive tunisienne, présent dans la synagogue au moment de l’attaque, «sans l’intervention rapide des forces de sécurité, un carnage aurait eu lieu, car des centaines de visiteurs se trouvaient là».
«Vers 20h, nous avons entendu des bruits de tirs de pistolet. La police a fermé toutes les portes et on ne pouvait pas sortir. On n’a rien pu faire pendant plus de trois heures», a raconté l’un des fidèles. «Certains priaient, d’autres pleuraient.»
Raoudha Seibi, de l’Association tunisienne de soutien des minorités, affirme avoir vécu «un vrai cauchemar». «Je voyais les gens courir dans tous les sens. Je n’ai jamais cru que je vivrais une telle terreur, je suis sous le choc jusqu’à maintenant», dit-elle, en larmes. «Les tirs étaient si proches.»
Cette attaque «nous bouleverse», a écrit le président français, Emmanuel Macron, dans un tweet. Washington a également condamné l’attaque et salué «l’action rapide des forces de sécurité tunisiennes». Rome a dénoncé «un lâche attentat contre la communauté juive tunisienne».
Tourisme en reprise
Selon les organisateurs, plus de 5000 pèlerins, essentiellement venus de l’étranger, ont participé, cette année, au pèlerinage de la Ghriba, au cœur des traditions de la communauté juive tunisienne, qui compte 1500 personnes.
L’attaque survient au moment où le tourisme enregistre une forte reprise en Tunisie, après un net ralentissement pendant la pandémie de Covid-19. Ce secteur vital pour l’économie avait été gravement affecté après les attentats de 2015, contre le musée du Bardo, à Tunis, et un hôtel de la station balnéaire de Sousse, ayant fait 60 morts, dont 59 touristes étrangers.