Arabie saouditeEn conflit avec son ex saoudien, elle est arrêtée, puis libérée
Une ONG a révélé mercredi qu’une Américaine avait été interpellée, après avoir dénoncé son ex-époux, qui aurait confisqué son passeport et celui de leur fille. Depuis, elle a été libérée.
Une Américaine qui a accusé son ex-mari saoudien d’avoir bloqué leur fille en Arabie saoudite, a affirmé mercredi avoir été relâchée par les autorités du royaume après une brève détention due à ses tweets. Carly M. a été arrêtée lundi, avait indiqué mardi Freedom Initiative, une ONG basée à Washington qui dit militer pour les droits des détenus à tort au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. On ignore où se trouve sa fille, Tala, âgée de huit ans, avait-elle ajouté.
Mais contactée mercredi par l’AFP, l’Américaine de 34 ans a affirmé avoir été relâchée et avoir retrouvé sa fille. «J’ai été libérée de prison tard dans la nuit», a déclaré Carly M. dans un message vocal envoyé à l’AFP, après deux jours de détention «pour (ses) tweets». Elle s’est réjouie d’avoir retrouvé sa fille, mais elle a accusé son mari d’avoir «volé» toutes leurs affaires, pendant son absence. «Nous n’avons pas d’habits, pas de chaussures…il a tout pris.»
Passeports confisqués
À l’été 2019, Carly M. est venue à Ryad avec la petite Tala pour rendre visite au père de son enfant, un Saoudien dont elle est divorcée. Mais peu après leur arrivée, l’ex-mari a confisqué leurs passeports et entamé des démarches pour transmettre la nationalité saoudienne à sa fille, dans le but de l’empêcher de quitter le royaume.
Depuis, l’Américaine est prisonnière d’une interminable épreuve liée aux inégalités de genre dans le royaume ultraconservateur où les femmes sont toujours soumises à des restrictions malgré une politique d’ouverture de la société. En septembre, elle a appris qu’elle faisait l’objet d’une enquête pour «trouble à l’ordre public» avec une interdiction de voyager, liée, selon elle, à la publication sur les réseaux sociaux de messages dénonçant sa situation.
Contexte de tensions
Après sa libération mercredi, Carly M. a dit ne pas savoir si son interdiction de voyager avait été levée. Il y a deux mois, elle avait assuré à l’AFP qu’elle ne quitterait pas le royaume sans sa fille. Selon des militants des droits des femmes, le cas de Carly M. est loin d’être isolé.
Sous le prince héritier et dirigeant de facto de l’Arabie, Mohammed ben Salmane, les femmes ont été autorisées à conduire et les règles de tutelle ont été assouplies. Mais les hommes continuent à avoir le dernier mot en ce qui concerne la famille, le père ayant une autorité absolue sur les enfants.
Cette affaire est intervenue dans un contexte de tensions entre Ryad et Washington, après la décision des pays exportateurs de pétrole – menés par Ryad – de réduire leur production de brut, au moment où la Maison Blanche cherchait au contraire à faire baisser les prix à la pompe. Ce cas est «un signe de plus que l’Arabie saoudite ne considère pas les États-Unis comme un allié», a estimé Allison McManus, directrice de recherche de l’organisation Freedom Initiative.