NeuchâtelFrédéric Hainard et sa fille menacés par un pupille
Voiture rayée, propos diffamatoires, menace de mort, appels incessants: son rôle de curateur a causé des misères à l’ancien conseiller d’État.
- par
- Vincent Donzé
Curateur, c’est un rôle qui rapporte 80 francs de l’heure aux avocats neuchâtelois, mais qui peut tourner au vinaigre. Ainsi, un pupille en a fait voir de toutes les couleurs à l’ancien conseiller d’État Frédéric Hainard. Voiture rayée, propos calomnieux, menace de mort, violation de domicile, appels incessants: onze préventions ont été retenues, qui ont conduit le pupille devant le Tribunal de police des Montagnes et du Val-de-Ruz, à La Chaux-de-Fonds, comme l’a rapporté le média «ArcInfo».
Un matin, à proximité de l’étude de Frédéric Hainard, ce mandataire est tombé sur l’inscription «Le curateur voleur F. H.», tracée sur un panneau publicitaire. Un autre jour, le prévenu a été vu devant le collège où la fille de l’avocat était scolarisée, empêchant ainsi l’adolescente de prendre sa pause à l’extérieur. «C’est la première fois que j’ai eu les larmes aux yeux», a confié le papa, attristé par la tension vécue par sa fille.
Non remboursés
Le prévenu français est établi en Suisse. Il ne s’est pas présenté à l’audience, maintenue par la juge Aline Schmidt Noël, qui rendra son jugement ultérieurement. Frédéric Hainard a demandé le remboursement de 5600 francs de frais de carrosserie non remboursés par l’assurance, ainsi que 300 et 500 francs d’indemnités pour tort moral à l’égard de sa fille alors âgée de 14 ans et de lui-même. Mais ce qui compte le plus, c’est une mesure d’éloignement et l’interdiction de les contacter lui ou sa fille, par téléphone ou par e-mail.
Frédéric Hainard considère le prévenu comme un quérulent, animé parfois de trop bonnes intentions, comme lorsqu’il s’est rendu à l’hôpital avec l’intention de débouler en salle de réveil pour s’enquérir de l’état de santé de l’avocat, après une intervention chirurgicale… Frédéric Hainard n’était pas sa seule cible: le prévenu français était aussi remonté contre l’ambassadeur de son pays.
Cousin de Hitler
«Le pompon, c’est qu’il a demandé au tribunal que je sois son curateur. Au sortir d’un divorce qui lui a fait perdre sa maison, il voulait une main cadrante», commente Frédéric Hainard. La curatelle a débuté sans problème, en 2012, à raison de deux heures par semaine. Mais Frédéric Hainard connaît la musique: «Si on lui dit oui, on est le king. Si on lui dit non, on devient le cousin de Hitler», a-t-il déclaré au tribunal au sujet d’un(e) pupille.
Depuis que la curatelle a été levée, les agressions ont cessé. Ce n’est plus un avocat mais un assistant social qui s’occupe du prévenu. Pendant sept ans, Frédéric Hainard aura consacré 364 heures à son pupille français. «Une curatelle est une tâche inhérente au métier d’avocat mais c’est aussi ma passion», indique-t-il. Mais les risques du métier n’englobent ni les insultes ni les menaces.