FootballLe quartier construit par Manchester City ne remplacera jamais Maine Road
Depuis qu’il a été repris par le Sheikh Mansour et les fonds émiratis, le club mancunien s’est développé à une vitesse grand V. Mais pas seulement sur le pré vert. Quitte à effacer son histoire.
- par
- Robin Carrel
Visiter l’Etihad Campus, le «stamm» de Manchester City (soit tout un quartier en gros…), ou plus globalement le coin de Sportcity, à l’est de Manchester, est une expérience en soi. C’est un vrai pôle sportif, grandement propriété et utilisé par le Manchester City Football Club, mais pas que. On y trouve l’immense Etihad Stadium, où jouera YB mardi soir en Champions League devant 53 400 personnes. Mais le stade des champions d’Angleterre et d’Europe n’est qu’une infime partie de ce complexe assez fou.
L’ensemble a commencé à se développer autour du stade principal il y a dix ans et la dernière touche, une salle polyvalente de 24 000 places, sera donnée en 2024. On y trouve la boutique sur deux étages de ManCity, forcément. Mais aussi une flopée d’équipements sportifs plus fous les uns que les autres. Un centre national de divers sports, un stade d’athlétisme avec des tribunes, des tas de terrains d’entraînement pour les jeunes, le centre administratif et d’entraînement de ManCity (qui a coûté la bagatelle de 100 millions £)…
Dans le tas, il ne faut surtout pas oublier l’Academy Stadium, aussi appelé désormais le Manchester City Joie Stadium. Parce que c’est ici que se sont joués les matches du dernier Euro féminin, qu’il a coûté 200 millions de Livres Sterling – c’est plus que la première mouture du stade principal! -, peut recevoir 7000 personnes (5000 places assises) et c’est quand même pas mal pour un endroit où, toute l’année, joue la section féminine de City et là où Pep Guardiola donne régulièrement l’entraînement à son effectif cinq étoiles. Sérieux, c’est une dinguerie.
Après avoir visité tout ça et en avoir pris bien plein les yeux, notre côté nostalgique nous a emmenés bien loin de tous ces flonflons, au sud de la ville de Manchester, dans un quartier extrêmement cosmopolite appelé Moss Side. Juste pour voir ce qu’il restait de Maine Road, l’ancien stade du «vrai» Manchester City. Celui d’il y a plus de quinze ans et qui bataillait encore en troisième division anglaise il y a un quart de siècle. Celui du «football vrai» quoi. Et bien c’est à croire que cette époque n’existe plus. Qu’elle a été «cancellée».
Sur place, rien n’indique qu’une enceinte qui a un jour accueilli 84 569 personnes pour une demi-finale de Cup en 1946 (un peu plus de 30 000 vers la fin) a un jour existé. À peine les autorités locales se sont elles autorisées à nommer un des endroits envahis par des maisons sans âme la «Citizens Place». Sur celle-ci, un terre-plein central avec de minuscules dessins et une inscription dans la pierre qui explique qu’en écoutant bien, on peut encore entendre leurs cœurs chanter. Je me suis senti vieux, mais vieux… et aussi un peu triste.