BrésilHuit militaires lourdement condamnés pour une bavure
En 2019, plusieurs soldats avaient criblé de 82 balles une voiture qui transportait une famille à Rio de Janeiro, la confondant avec celle de criminels.
La justice militaire du Brésil a condamné jeudi huit soldats à de lourdes peines de prison pour avoir tué deux personnes en avril 2019, après avoir criblé de 82 balles une voiture transportant une famille à Rio de Janeiro. Le lieutenant qui commandait la patrouille a été condamné à 31 ans et 6 mois de prison et sept autres militaires à 28 ans de réclusion, selon l’agence de presse officielle Agencia Brasil. Quatre autres soldats ont été acquittés. Cette bavure, qui a entraîné la mort d’Evaldo dos Santos Rosa, musicien et agent de sécurité, et de Luciano Macedo, un passant qui a tenté de lui venir en aide, avait choqué le Brésil.
Le musicien, âgé de 51 ans, traversait en voiture avec sa famille une zone militaire à Guadalupe, un quartier du nord de Rio. C’était un dimanche et il se rendait à une fête. Sa voiture de couleur blanche – dont l’armée avait affirmé qu’elle avait été confondue par des militaires en patrouille avec celle de criminels – a reçu 82 impacts de balles. Son beau-père a été blessé et son épouse, sa fille de 13 ans et son fils de sept ans, sont miraculeusement sortis indemnes. Luciano Macedo a été touché alors qu’il tentait de porter secours à la famille et a succombé à ses blessures quelques jours plus tard.
«Ces 82 tirs, c’est indéfendable. Ils ont tous été tirés avec le même objectif, 82 tirs, c’est une exécution», a déclaré le procureur militaire Luciano Gorilhas lors du jugement, qui a débuté mercredi matin et s’est terminé dans la nuit, après 15 heures d’audience. Selon les médias locaux, la défense va faire appel et les militaires condamnés vont rester en liberté jusqu’à l’épuisement de tous les recours possibles. «Mon âme est en paix. Je sais que ça ne va pas me rendre mon époux, mais ça n’aurait pas été juste de sortir d’ici sans une réponse positive», a déclaré la veuve du musicien, citée par le site d’informations G1.
De nombreux militaires ont participé à des opérations de maintien de l’ordre ces dernières années à Rio. De février à décembre 2018, l’armée s’était vu confier le commandement de l’ensemble des forces de police de cet état miné par la violence et le crime organisé. Parmi les innombrables bavures des forces de maintien de l’ordre dans lesquelles des Brésiliens perdent la vie, très peu sont sanctionnées par des peines de prison, l’impunité prévalant le plus souvent.