DelémontL’actrice jurassienne de «Rabbi Jacob» a sa rue
Denise Péronne fait son apparition dans la nomenclature de la capitale grâce à un architecte… genevois!
- par
- Vincent Donzé
Qui se souvient de l’actrice Denise Péronne, née le 22 septembre 1920 à Porrentruy et décédée dans la même ville le 1er septembre 1978, trois semaines avant la naissance officielle du canton du Jura? Pour qu’une rue porte son nom à Delémont, il a fallu l’intervention d’un architecte… genevois: Michel Acquaroli, auteur d’un vaste projet dans la capitale jurassienne, où il investit.
«Parlez-nous de Denise Péronne» avons-nous demandé au scénariste Camille Rebetez, qui fait de sa bande dessinée «Les Indociles» une série TV pour la RTS: «Je ne sais même pas qui c’est…», a-t-il répondu. Peut-être l’ancien ministre François Lachat, président de l’association jurassienne des artistes visuels Visarte? «Je n’ai pas connu cette dame». Même réponse du cinéaste Claude Stadelmann, né en 1945. Quant au maire de la capitale Damien Chappuis, il avoue ne connaître Denise Péronne qu’après l’avoir «googlée»…
Second ordre
Sa biographie mentionne l’identité de son père Albert Perronne, scientifique et photographe jurassien. Il est précisé que Jean-Pierre Mocky l’a dirigée. Puis elle est «sortie des emplois de second ordre assez ternes pour composer des personnages décalés par rapport à son physique un peu sec».
Denise Péronne passe pour «une grande actrice de composition atypique» qui a notamment joué dans «Mon Oncle» de Jacques Tati, «Les Aventures de Rabbi Jacob» de Gérard Oury et «Jeux interdits» de René Clément.
Assistant réalisateur sur le tournage de «Mon Oncle» en 1958 avant d’engager l’actrice jurassienne dans «Le Soupirant», le cinéaste Pierre Étaix (1928-2016) avait écrit une lettre le 11 février 1982 au journaliste Arnaud Bédat, qui lui avait appris le décès de Denise Péronne. «Je pensais que son silence était relatif à des difficultés d’ordre professionnel et qu’elle résidait désormais à Porrentruy, au sein de sa famille», écrit le réalisateur en évoquant un travail avec elle «sinon facile, du moins joyeux et enrichissant».
Donner un nom de femme à une nouvelle rue, c’est une exigence à Delémont, suite à une motion adoptée par le Conseil de Ville (Législatif). La proposition de l’architecte Michel Acquaroli a été acceptée: «Après analyse, cette dénomination correspond à nos critères et peut entrer dans le répertoire», indique le maire Damien Chappuis.
Mais d’où Michel Acquaroli connaît-il Denise Péronne? «De nos recherches entamées lorsque la Ville a voulu nous imposer son choix», répond l’architecte. Quel choix? «Claire Weber (ndlr. 1897-1979), une dame sûrement très gentille qui devait peindre des anémones, des marguerites et des pissenlits, mais qu’importe: ce qui nous a déplu, c’est de ne pas avoir été consulté», répond Michel Acquaroli, en précisant que la rue est située sur sa propriété.
C’est l’assistant de l’architecte qui a repéré Denis Péronne. «Marrante, décalée: c’est comme on dit une gueule, une tronche! Voilà quelqu’un qui donne une image sympa du Jura!» s’est dit Michel Acquaroli, qui se définit comme un cinéphile «très modeste».