Royaume-UniLiz Truss reconnaît avoir mal «préparé le terrain» pour ses baisses d’impôts
Après avoir dit assumer son plan de mesures économiques qui favorise surtout les riches, la Première ministre britannique rétropédale ce dimanche et admet des erreurs de communication.
Plus impopulaire que jamais moins d’un mois après son arrivée à Downing Street, la nouvelle Première ministre britannique Liz Truss a défendu ce dimanche à la télévision sa politique controversée de baisses d’impôts massives. Elle a toutefois reconnu des erreurs de communication après que ses annonces budgétaires ont viré au fiasco financier en pleine crise du coût de la vie.
La cheffe du gouvernement a affirmé sur le plateau de l’émission «Sunday with Laura Kuenssberg» depuis Birmingham, où débute le congrès annuel du parti conservateur, que son «mini-budget» présenté le 23 septembre était «la bonne décision». «Je m’en tiens toujours au plan que nous avons annoncé et je maintiens que nous l’avons annoncé rapidement car nous devions agir, mais je reconnais que nous aurions dû mieux préparer le terrain», a-t-elle affirmé.
Les marchés redoutent une explosion de la dette
Le ministre des Finances Kwasi Kwarteng a annoncé la semaine dernière un «mini-budget» pour faire face à la crise du coût de la vie et l’inflation à près de 10% qui étranglent les Britanniques, mais ses annonces à base d’aides directes pour les factures d’énergie et de baisses d’impôts massives pour les plus riches ont suscité l’incompréhension des marchés financiers qui redoutent une explosion de la dette.
«Je pense que c’était la bonne décision d’augmenter les emprunts cet hiver», a répété Liz Truss après une semaine chaotique lors de laquelle la livre a atteint un plus bas historique, déclenchant une intervention à la fois du Fonds monétaire international et de la banque d’Angleterre. «Bien sûr que nous allons devoir ramener la dette à un certain pourcentage du PIB à moyen terme, et j’ai un plan pour ça. Mais ce qui aurait été une erreur, c’aurait été de ne pas agir», a-t-elle affirmé sans donner plus de détails.
Un Britannique sur deux estime qu’elle devrait démissionner
Trois semaines après l’arrivée de Liz Truss au pouvoir, 51% des Britanniques estiment qu’elle devrait démissionner, selon un sondage YouGov. Même dans ses rangs conservateurs, la Première ministre ne rassemble pas. Certains Tories sont affligés par sa politique budgétaire et n’hésitent pas à le dire alors que débute, dans une ambiance morose et en rangs clairsemés, le congrès annuel du parti.
«Je vais faire ce que je peux pour gagner le cœur et la raison de mes collègues au parti conservateur», a voulu rassurer Liz Truss dimanche. Mais dans cette ambiance morose et divisée, la grand-messe des conservateurs risque de se dérouler avec des rangs clairsemés à Birmingham. Ni Rishi Sunak – ancien rival de Liz Truss dans la course à Downing Street –, ni l’ancien Premier ministre Boris Johnson ne devraient faire le déplacement.
Selon la presse britannique, les lettres de défiance affluent déjà contre la nouvelle dirigeante, qui fait déjà regretter, aux yeux d’une frange du parti, Boris Johnson. D’autres estiment au contraire qu’il faut resserrer les rangs pour éviter à tout prix des élections législatives anticipées qui verraient le parti conservateur s’effondrer. «Nous cesserions d’exister comme parti politique fonctionnel» si de telles élections avaient lieu, a prévenu le député Charles Walker.