Disparition inquiétanteDarell enlevé par sa mère: «Les autorités franco-suisses ne font rien»
Le garçon de 12 ans, qui vit avec son père près de Pontarlier (F), n’est jamais rentré d’une visite en Suisse chez sa mère. Le papa fustige l’inaction de la police et de la justice.
![Evelyne Emeri](https://media.lematin.ch/4/image/2023/10/26/c3c9a11b-7dc8-4487-adea-937803c6103e.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=crop&w=400&h=400&rect=0%2C0%2C1776%2C1799&fp-x=0.5&fp-y=0.500277932184547&crop=focalpoint&s=41455c522f4857632201eb1762794cca)
![Darell Dupuis a eu 12 ans le 20 février. Le jeune Franco-Suisse s’est évanoui dans la nature avec sa mère depuis le 24 décembre 2021. Darell Dupuis a eu 12 ans le 20 février. Le jeune Franco-Suisse s’est évanoui dans la nature avec sa mère depuis le 24 décembre 2021.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/af682a70-cc3e-43dc-aac9-2b61ef60e491.png?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C1964%2C2048&fp-x=0.5&fp-y=0.5&s=13bdf64af588a0b1f11d63f779554553)
Darell Dupuis a eu 12 ans le 20 février. Le jeune Franco-Suisse s’est évanoui dans la nature avec sa mère depuis le 24 décembre 2021.
DRLittéralement volatilisé. Malgré un mandat d’arrêt européen émis contre la mère qui s’est transformé en mandat d’arrêt international, Darell Dupuis, 12 ans, n’est jamais réapparu depuis le 24 décembre 2021 à Sombacour près de Pontarlier (F) où il est resté vivre avec son père William. Quand les parents se séparent en 2013, le juge des affaires familiales lui attribue la garde pour ne pas déraciner le petit de 3 ans.
Ce jour du réveillon de Noël 2021, sa maman ne l’a jamais ramené de son domicile de Baar (ZG) comme cela était convenu. «Depuis près de dix ans, la formule fonctionnait bien, il n’y a jamais eu de souci», insiste le papa joint chez lui dans le Doubs. Depuis plus de quatre mois pourtant, il s’époumone et se perd dans les dédales administratifs français et suisses.
Fichée, pas inquiétée
«Mon fils est binational. Les autorités franco-suisses ne font plus rien. J’ai été à la gendarmerie nationale le jour de sa disparition. J’ai porté plainte. La police et le procureur les ont cherchés. Leurs investigations ont permis de découvrir qu’ils avaient décollé de Zurich le 19 décembre déjà», raconte William Dupuis. Le papa a décidé de médiatiser l’enlèvement de Darell. Il mobilise les troupes autour de lui et a lancé une cagnotte pour financer les coûts de son avocat français et de ses recherches personnelles à l’étranger. À 43 ans, l’ouvrier dans une entreprise de plasturgie désespère: «Je ne peux que constater que mon ex-conjointe voyage aisément et illégalement avec notre enfant jusqu’à l’autre bout du monde sans être inquiétée, alors qu’elle est fichée par Interpol».
De Neuchâtel à Dubaï
Lorsqu’ils quittent le territoire helvétique, la mère de 38 ans et le fils se rendent d’abord à Katmandou au Népal. «Le 14 février, le Ministère français des affaires étrangères m’informe qu’ils ont atterri dans la capitale indienne de New Dehli, poursuit le père en colère. Le 29 avril, ce même ministère m’annonce qu’ils ont repris l’avion le 11 mars! C’est irréel. Destination Dubaï. Étaient-ils en transit? Depuis, nous avons perdu leurs traces.»
Le quotidien de William est rythmé par l’incompréhension: «La France a fait une demande d’entraide judiciaire à la Suisse. J’ai écrit à l’Office fédéral de la justice (OFJ). Je n’ai aucune réponse. À part moi le jour du dépôt de ma plainte et sa sœur (de la ravisseuse), personne n’a été auditionné. La veille de leur disparition, elle était encore à Neuchâtel chez sa meilleure amie. Je suis en contact avec son ex-mari zougois, avec son copain neuchâtelois, ils ne comprennent pas non plus quel a été le déclencheur de cette fuite subite.»
«Je veux retrouver mon fils»
Le futur couple s’est rencontré entre Neuchâtel et la région de Pontarlier où l’Ivoirienne et le quadragénaire français vivaient respectivement. Le petit Darell est du reste né en Suisse romande avant de s’installer avec ses parents dans le logement familial du Doubs. Élève appliqué, karatéka passionné, l’adolescent a non seulement été extrait de ses repères, de ses amis et de sa scolarité, il est surtout privé de son père pour une raison inconnue. Et celui-ci de conclure par un vibrant: «Je veux seulement retrouver mon fils».
Menée par le procureur de Besançon Etienne Manteaux, une enquête a été ouverte fin décembre 2021 pour soustraction d’enfant mineur des mains de ceux qui exercent l’autorité parentale et rétention hors de France. La kidnappeuse risque jusqu’à 3 ans de prison.