FootballStéphane Henchoz: «J’ai perdu l’envie d’entraîner»
L’ancien défenseur de Liverpool n’a pas souhaité retrouver un banc depuis son éviction de Xamax, il y a 13 mois. Le voilà désormais recruteur pour l’Olympique Lyonnais.
- par
- Brice Cheneval
Au bout du fil, on distingue aisément où Stéphane Henchoz a décroché son téléphone: en voiture. Une situation dont il va rapidement devenir coutumier. Depuis bientôt trois semaines, le Fribourgeois avale les kilomètres en qualité de recruteur. Et pas pour n’importe quelle institution: l’Olympique Lyonnais. «J’étais déjà proche de venir en juin 2020, confie-t-il. Cela devait se faire mais deux ou trois jours après mon entretien, j’ai reçu la proposition de revenir entraîner Xamax.»
À l’époque, Bruno Cheyrou entamait la restructuration de la cellule de recrutement lyonnaise, dont il venait d’être nommé responsable. Les deux hommes se sont côtoyés comme joueurs à Liverpool, de 2002 à 2004, et sont restés en contact. Stéphane Henchoz a donc saisi l’opportunité de retrouver son ancien coéquipier, un an et demi après une première tentative avortée.
Son rôle consiste à superviser les championnats de Suisse, d’Allemagne, d’Italie et d’Autriche. «Lyon n’a pas pour priorité de recruter sur des territoires où les prix sont déjà extrêmement élevés, comme en Espagne ou en Angleterre, explique-t-il. Comme je suis basé à Neuchâtel, ma position géographique me permet d’être au centre de ces quatre pays. J’ai mes contacts en Suisse, je parle allemand, ce qui m’ouvre des portes en Allemagne et en Autriche, et l’Italie n’est pas loin.»
Un départ mal vécu
Depuis son limogeage de Xamax, en décembre 2020, l’ex-défenseur aux 72 sélections se contentait de ses piges de consultant. Le moment lui semblait venu de se relancer dans un projet à temps plein. «Consultant est une activité que j’apprécie et que je vais conserver, mais cela me laisse pas mal de disponibilités, dit-il. La possibilité de travailler pour un grand club, dans un championnat majeur, m’a tout de suite motivée. Je n’ai pas hésité.»
Cependant, Henchoz était plutôt attendu sur un banc. Faut-il en déduire que cette reconversion est liée à une absence d’offres satisfaisantes? Penser ainsi, c’est faire fausse route. Reprendre les rênes d’une équipe ne l’intéressait tout simplement pas. Son départ de Xamax lui a laissé de profondes séquelles. «Je n’ai jamais cherché à retrouver un poste, glisse-t-il. Je n’ai postulé nulle part car j’avais perdu l’envie d’entraîner. Je ne saurais pas dire si ça reviendra mais pour l’instant, ce n’est pas le cas. J’ai été dégoûté.»
Un œil de scout déjà affûté
À l’OL, Stéphane Henchoz découvre une nouvelle fonction, bien différente de la précédente. Mais il assure ne pas partir de zéro: «Le feeling du recruteur, je l’ai déjà. Il n’y avait pas de cellule spécifique à Neuchâtel et Sion, donc j’observais moi-même les joueurs. C’est quelque chose que j’aime bien. Alors le faire dans un club où tu n’as pas de problèmes en matière de logistique et de moyens…»
Stéphane Henchoz n’a pas de mal à troquer son œil de tacticien contre celui de scout. Là où le premier scrute les systèmes et animations de jeu, le deuxième se focalise sur les individualités. «L’objectif, c’est de déceler un potentiel à développer, présente-t-il. Le produit fini, entre guillemets, tout le monde peut le voir et il coûte déjà cher. Je suis attentif aux qualités sous-exploitées d’un joueur ainsi qu'à ses attitudes sans ballon: comment il réagit quand il le perd, quand il est remplacé…»
En espérant que sa méthode lui permettra de rencontrer davantage de succès entre Rhône et Saône qu’un certain Xherdan Shaqiri…