Hockey sur glace: Birbaum sur sa mise à l’écart: «Il y a dix ans, j’aurais pété les plombs!» 

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Hockey sur glaceBirbaum sur sa mise à l’écart: «Il y a dix ans, j’aurais pété les plombs!»

Le défenseur fribourgeois du HC Ajoie, qui affronte son ancien club ce mardi soir, revient sur ses deux derniers mois compliqués, entre mise à l’écart inexpliquée par l’entraîneur Pesan et rumeurs les plus farfelues.

Julien Boegli
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Julien Boegli
Alain Birbaum a retrouvé du mordant sous le maillot ajoulot.

Alain Birbaum a retrouvé du mordant sous le maillot ajoulot.

Marc Schumacher/freshfocus

C’était le samedi 5 novembre. Ce soir-là face à Davos (défaite 5-3), Alain Birbaum ne le savait pas encore, mais il vivait son dernier match de l’année 2022. Un match qui aura fait couler beaucoup d’encre en Ajoie avec le retrait de l’alignement, le temps d’une rencontre, du Top Scorer Philip-Michaël Devos par le coach Filip Pesan.

Dès lors et pendant deux mois, soit 13 journées, le défenseur de 37 ans, qui vit son sixième hiver à Porrentruy, a suivi ses partenaires depuis les tribunes sans en connaître la véritable raison. De retour au jeu le 5 janvier à Zurich, Birbaum évoque, avec franchise, cette période difficile où il avoue s’être senti délaissé.

Alain Birbaum, cette question, beaucoup de gens dans l’entourage du club se la sont posée ces dernières semaines: y a-t-il une raison au fait que vous ayez été mis de côté pendant deux mois?

La raison, j’ai plusieurs fois cherché à la connaître auprès de Petteri Nummelin (l’entraîneur-assistant) et Filip Pesan (l’entraîneur), sans que l’on ne me fournisse la moindre explication. Pour le coach, tout allait bien, il n’y avait aucun problème.

Des problèmes, il semblait tout de même y en avoir. Sinon, comment expliquer le fait que vous ayez été sorti soudainement de l’alignement alors que vous aviez disputé 19 des 21 premières journées de compétition?

Quand j’ai tenté d’avoir des réponses, je me suis retrouvé confronté à quelqu’un qui était fermé au dialogue. La réalité est que dès son arrivée au mois d’août, j’ai très vite senti que je n’étais pas dans les petits papiers de l’entraîneur.

«Les soirs de match, cela devenait pénible de me rendre à la patinoire.»

Alain Birbaum

On imagine que cette période a été pesante pour vous. Comment l’avez-vous vécue?

Elle a été difficile. Pour la première fois de ma carrière (789 matches dans l’élite et près de 1100 en ligue nationale), j’ai été laissé de côté. Vivre cela à mon âge m’a permis de prendre du recul et de relativiser. Je l’ai mieux gérée que si j’avais eu 25 ans. Il y a dix ans, pour sûr, j’aurais pété les plombs! J’ai compris que je ne pouvais pas contrôler la situation, que je n’avais d’autre choix que de l’accepter.

Et de continuer à vous entraîner…

Les soirs de match, cela devenait pénible de me rendre à la patinoire. Tout le monde voulait savoir le pourquoi de ma mise à l’écart. En fait, j’aurais préféré que l’on me dise une fois les choses clairement, c’est-à-dire que je n’entrais plus dans les plans de celui qui les établissait. Plus jeune, j’ai parfois eu le tort d’afficher ouvertement ma mauvaise humeur ou ma frustration quand les choses n’allaient pas comme je le souhaitais. J’aurais pu ouvrir ma gueule ou pleurer mais je me suis simplement dit: «Va à la patinoire avec le sourire et entraîne-toi dur afin d’être prêt le jour où ça tourne.»

Vous vous êtes retrouvé en tribune au sortir du fameux match contre Davos, celui-là même qui a vu Devos être désigné surnuméraire. Cette décision, que nous avions annoncée en primeur quelques heures avant le coup d’envoi, a passablement agité le club, au sein duquel on pensait d’ailleurs qu’une taupe, à l’intérieur même du vestiaire, avait divulgué l’info (ce que nous sommes en mesure de démentir avec certitude)

A-t-on voulu me faire porter le chapea ? Honnêtement, je ne pense pas qu’un joueur soit assez bête pour lâcher l’info à un journaliste ou alors il est mort. Avec tous les canaux possibles aujourd’hui pour transmettre une info et les gens qui transitent dans une patinoire, je ne peux pas croire que cela vienne de l’équipe. Ajoie est mon club, j’appartiens au noyau dur du vestiaire. Je n’aurais eu aucun intérêt à le faire, comme aucun autre joueur d’ailleurs.

«Il n’a jamais été question pour moi de partir. Ajoie est mon club.»

Alain Birbaum

On imagine donc volontiers votre soulagement à l’annonce de l’éviction mi-décembre de Pesan, un entraîneur avec qui, on l’a assez vite compris, il était compliqué de dialoguer…

Il y a eu du soulagement, oui. Je n’ai pas voulu créer de polémique avant, je ne vais pas le faire maintenant. Quand Julien (Vauclair) a repris le groupe, je savais que ma situation allait changer. Je lui ai demandé ce que je devais faire pour retrouver le jeu, il m’a répondu de continuer à m’entraîner dur, qu’il n’avait rien à me reprocher.

Vous ne l’avez finalement retrouvé qu’au cinquième match de l’ère Vauclair…

Après deux succès, il ne voyait pas de raison de bouleverser l’effectif. Dès le lendemain de la défaite contre Zoug (8-1 lundi passé), il m’a averti que je serais sur la glace vendredi à Zurich. Cela m’a donné trois jours pour bien me préparer.

Votre retour n’est donc pas lié à l’absence pour blessure d’Anthony Rouiller (pied cassé)?

Non.

Durant ces deux mois, avez-vous pensé un instant à rompre votre entente qui vous lie au club jusqu’en 2024?

Non, il n’a jamais été question pour moi de partir. Ajoie est mon club, j’ai d’ailleurs le projet de rester ici après ma carrière de joueur. C’est mon souhait en tout cas.

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