Migrants refoulésBruxelles demande une enquête indépendante à Athènes
Une vidéo montre des garde-côtes grecs abandonner des migrants sur un radeau de sauvetage, avant que leurs homologues turcs ne les sauvent. L’Union européenne s’insurge.
La commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, a indiqué, lundi, avoir demandé aux autorités grecques une «enquête complète et indépendante» après la publication d’une vidéo, par le «New York Times», montrant des refoulements de migrants sur l’île de Lesbos, en mer Égée. «Il y a un an, j’ai rencontré le gouvernement grec pour discuter de la gestion des frontières, et j’ai clairement indiqué qu’il n’y avait pas de place pour les expulsions illégales», a rappelé la commissaire suédoise.
Les autorités grecques sont régulièrement accusées de pratiquer des refoulements vers la Turquie de personnes en quête d’asile dans l’Union européenne, une pratique bannie par le droit international. Le gouvernement grec a toujours rejeté ces accusations, malgré des témoignages récurrents de migrants et les rapports d’ONG.
Or, la vidéo publiée vendredi, tournée par un militant des droits humains en avril à Lesbos, montre un groupe de migrants, dont un bébé, conduit dans une camionnette blanche vers la pointe sud de l’île. Embarqués à bord d’un petit bateau, ils sont transférés ensuite à bord d’un bateau des garde-côtes grecs, avant d’être abandonnés sur «un radeau de sauvetage gonflable noir à la dérive», selon le «New York Times». Des bateaux des garde-côtes turcs les ont ensuite secourus.
Enquête «complète» et «indépendante» réclamée
«Mes services ont adressé une demande officielle aux autorités grecques pour que cet incident fasse l’objet d’une enquête complète et indépendante», a tweeté Ylva Johansson. «Il est nécessaire que les autorités grecques assurent un suivi adéquat, notamment sur la base du nouveau mécanisme de contrôle indépendant. La Commission européenne se tient prête à prendre des mesures formelles, le cas échéant.»
L’exécutif européen a notamment la compétence de lancer contre un État membre une procédure d’infraction pouvant mener à une action devant la justice européenne. En vertu des règles européennes, le premier pays d’entrée d’un migrant dans l’Union européenne est responsable de sa demande d’asile.