Football: Débat: Servette va-t-il éliminer les Glasgow Rangers?

Après leur belle histoire belge il y a une semaine à Genk, les Servettiens poursuivent leur rêve européen de Ligue des champions, ce mercredi soir à Glasgow où ils vont devoir affronter au troisième tour qualificatif les Rangers et les 50 000 spectateurs de l’Ibrox Park. Un défi énorme pour les Genevois qui rêvent forcément d’un nouvel exploit après avoir éliminé cette formation de Genk qui avait pourtant les faveurs de la cote. Vont-ils rééditer cette grosse performance face à un adversaire bien plus redoutable? Deux journalistes du matin.ch en débattent.

Pas de doute, Servette va sortir les Glasgow Rangers et se qualifier pour le barrage de la Ligue des champions. Le fait que les Genevois ne partent pas favoris n’est pas un problème. Au contraire. Si mes souvenirs sont bons, ils ne l’étaient pas non plus contre Genk et ils ont fini par éliminer ces Belges dont le niveau du championnat national est pourtant plus élevé que celui de la Super League. Sans parler d’un contingent et d’une expérience européenne qui étaient nettement supérieurs à ceux de Servette.

Ce vécu international est le seul atout des Rangers, finalistes malheureux de l’Europa League il y a un an seulement. L’équipe que dirige aujourd’hui Michael Beale est non seulement à des années-lumière de celle que Giovanni van Bronckhorst avait emmenée en finale contre Francfort, mais surtout moins forte sur le papier que Genk. À ce propos, les Rangers ont déjà connu un dernier exercice plus laborieux qu’ils ont conclu très loin derrière le Celtic. Pour ne rien arranger, cet été ils ont perdu leurs deux buteurs, Antonio Colak et Morelos qui n’ont pas été remplacés malgré les millions dépensés.

Battus lors de leur premier match de championnat par le modeste Kilmarnock après une présaison riche de défaites et de prestations décevantes, les Rangers auront aussi la pression de devoir impérativement se qualifier contre un adversaire qu’ils estiment modeste. Car si la crise couve déjà à Ibrox Park, elle pourrait devenir ingérable en cas de sortie de route prématurée.

Un contexte tendu dont saura profiter un Servette aussi solidaire, déterminé et impitoyable que face à Genk pour obtenir un bon résultat ce soir avant de faire la différence à la Praille dans une semaine.

Peut-être bien que les Servettiens sont croyants, qu’ils ont allumé un cierge, des bougies et qu’ils vont prier avant ce premier match mercredi à Glasgow. C’est légitime d’y croire encore «dur comme fiers», comme ils l’avaient fait d’ailleurs la semaine dernière à Genk, avec ce groupe extraordinaire d’abnégation et de courage. Il est vrai que ce mercredi 2 août à la Cegeka Arena, ces Genevois, réduits à dix après cinq minutes de jeu, menés deux fois au score, ont réussi un truc de fou, inimaginable, après avoir encore perdu Jérémy Frick, leur gardien titulaire. Respect.

Mais si l’histoire était belle, que le club a déjà touché le jackpot de 3,5 millions (en étant certain de disputer la phase de groupe de l’Europa League), il faut tout de même admettre que l’adversaire du Plat Pays, 2e du dernier championnat de Belgique, a été drôlement complaisant et suffisant avec ces petits Suisses. Tellement convaincus d’en faire qu’une bouchée. Pour ce comportement pusillanime et tellement arrogant, les Belges ont été punis.

En Écosse, où on est prévenu du danger, pas question pour les Rangers, 55 fois champions d’Écosse et finalistes de l’Europa League en 2022, de prendre leur hôte de haut. Dans cette enceinte mythique d’Ibrox Park, avec plus de 50 000 fans qui poussent bruyamment leur équipe de la première à la dernière minute, les Helvètes vont découvrir l’enfer.

Privés de leur maître à jouer (Miroslav Stevanovic), de plusieurs titulaires (Keigo Tsunemoto et Alexis Antunes) et de leur gardien-capitaine Jérémy Frick, la mission s’annonce vraiment trop compliquée cette fois-ci. À commencer pour le portier remplaçant Joël Mall qui a eu beaucoup de chance en Belgique. Il aura bien de la peine à repousser les assauts ces Écossais qui vont lui faire passer une sale soirée.

Comme le dit avec un peu d’appréhension Timothé Cognat, une telle ambiance et une pression pareille, ça va changer de la Praille. À moins d’un nouveau miracle, il va être bien difficile pour Servette de rester en vie après ce premier match aller à Ibrox Park. Il faudrait encore un miracle. Et comme les miracles n’ont lieu qu’une fois…