NarcotraficEn Colombie, évasion d’un des chefs du cartel du Clan del Golfo
Juan Larrinson Castro Estupiñan, dit Matamba, s’est évadé vendredi d’une prison de la capitale colombienne Bogota.
Un des chefs du puissant cartel de drogue du Clan del Golfo, connu sous le pseudonyme de Matamba et réclamé par la justice américaine, s’est évadé vendredi d’une prison de Bogota, dans un nouveau scandale impliquant les autorités pénitentiaires.
Juan Larrinson Castro Estupiñan, dit Matamba, détenu à la célèbre prison de La Picota, avait été capturé en mai 2021 et était en attente de jugement en Floride (États-Unis) pour trafic de cocaïne et d’héroïne et blanchiment d’argent. Chef du Clan del Golfo dans le Pacifique, une division de la plus puissante organisation de trafic de drogue de Colombie dirigée par Dairo Usuga, alias Otoniel, détenu à Bogota, Matamba est parvenu à s’échapper grâce à la complicité présumée de gardiens de prison.
«J’ai déjà parlé au procureur général ce matin pour m’assurer que soient effectuées les arrestations nécessaires» de ceux qui ont participé à cette évasion, a déclaré le président Ivan Duque à la presse. L’un des gardiens a déjà été capturé, selon le ministre de la Justice Wilson Ruiz.
Des militaires incarcérés en février
Matamba faisait l’objet en Colombie d’une enquête pour conspiration en vue de commettre un meurtre, extorsion et possession illégale d’armes. Mi-février, deux colonels en retraite et cinq militaires ont été incarcérés, soupçonnés de liens avec Matamba, à qui ils fournissaient «des conseils logistiques», selon le parquet.
Juan Larrinson Castro Estupiñan faisait partie de la guérilla communiste en Colombie avant de se battre aux côtés des paramilitaires d’extrême droite, ennemis acharnés des rebelles. Puis, après avoir négocié avec Otoniel, il a pris le commandement d’un groupe de 200 hommes au sein du Clan del Golfo, selon les autorités.
La Colombie est au cœur d’un conflit armé qui oppose depuis plus d’un demi-siècle guérillas, paramilitaires, trafiquants de drogue et agents de l’État. Le pays est le plus grand producteur de cocaïne au monde, source de financement pour les groupes armés illégaux. Le président Duque a annoncé «une réforme complète du système pénitentiaire et carcéral colombien» à la suite de ce nouveau scandale impliquant l’administration pénitentiaire.
Début mars, le gouvernement colombien a démis de leurs fonctions le chef de l'Institut national pénitentiaire et carcéral (Inpec) et le directeur de la plus grande prison colombienne, pour avoir accordé indûment des permissions de sortie à un célèbre homme d’affaires incarcéré pour corruption. Selon une enquête de la télévision Caracol News, Carlos Mattos, impliqué dans un vaste scandale international de pots-de-vin, a quitté sans autorisation la prison de La Picota à au moins deux reprises dans un véhicule de l’Inpec. «Le système ne peut pas continuer à avoir ces comportements sans sanctions exemplaires», a insisté M. Duque vendredi.