ThaïlandeLe chagrin de la famille de Stamp, 3 ans et tué dans l’attaque d’une crèche
La famille de l’un des enfants tués dans l’attaque au couteau et au fusil d’une crèche en Thaïlande jeudi, est inconsolable, après l’un des pires massacres commis dans le pays.
«Il pouvait jouer toute la journée»: la famille inconsolable de Stamp pleure le garçonnet de trois ans, l’un des 24 enfants tués jeudi dans l’attaque au couteau et au fusil d’une crèche, qui a laissé sans voix la Thaïlande.
Le camion en plastique rouge est resté à sa place, près du mur de la chambre avec d’autres jouets, mais le lit défait, jonché de couvertures, témoigne de la tragédie qui vient de bouleverser la vie de cette maison de Na Klang (nord).
Perpétré par un ex-policier
Ce district rural jusque-là sans histoire a assisté impuissant à l’un des pires massacres qu’ait connus le royaume: 36 morts dont 24 enfants. Symbole de l’émotion forte, le roi Maha Vajiralongkorn s’est rendu sur place vendredi soir. L’assaillant, un ancien policier, s’est donné la mort après un périple meurtrier d’environ trois heures, qui avait débuté vers midi dans une crèche, où Nannaphat Songserm, surnommé Stamp, jouait avec d’autres enfants en bas âge.
«Je n’arrête pas de me répéter que je n’aurais pas dû le laisser y aller ce jour-là, mais il n’y a rien que j’aurais pu faire», soupire sa grand-mère, Banyen Srichanil, 57 ans, qui s’occupait de lui quand ses parents travaillaient. «J’ai le cœur brisé. Il me manque», lance-t-elle dans un sanglot. Le garçonnet joyeux et bavard, a hérité de son surnom de la passion de sa mère pour les timbres («stamp» en anglais) de promotion distribués dans les magasins 7-Eleven du pays, qu’elle collectionne.
«Il pouvait jouer toute la journée», décrit son père Satthaphorn Songserm, 31 ans, la voix brisée par le tourment, expliquant que le fils qui lui ressemblait déjà, pouvait jouer avec n’importe qui et «n’importe quoi».
Compensation impossible
«Je faisais tout dans la vie pour une seule raison: lui», explique Sujittra Pornnikom, sa mère, âgée de 29 ans, qui garde dans le cœur le moment où elle a vu son visage pour la première fois, après l’accouchement: «J’étais très heureuse.» Elle, comme son mari, ne voyait leur amour que lors de leurs jours de repos. Le couple travaille dans une usine de la province de Chonburi, près de Bangkok, à huit heures de route de chez eux.
La dernière fois qu’ils se sont vus, ils sont allés à la plage. «Il a vraiment beaucoup aimé», se souvient-elle. «Il m’appelait ensuite tout le temps et me demandait de le ramener à la plage.» Sa perte «ne peut pas être compensée», lance la tante de l’enfant, Praprai Kaew-wohan, 38 ans, dévastée elle aussi.
Le Premier ministre Prayut Chan-O-Cha a distribué vendredi des chèques cartonnés géants de compensation pour les familles des victimes, de la part de différentes agences gouvernementales, jusqu’à 200’000 bahts (environ 5200 francs). «Ça ne vaut pas ce qu’on a perdu», assure celle qui pense que «le système n’était pas assez fort pour arrêter le tireur.»
«Je n’ai pas pu exaucer son vœu»
Alors que les funérailles des victimes ont commencé samedi pour trois jours de rituels bouddhistes, la famille de Stamp craint le mois de novembre – elle ne sait pas quoi faire pour célébrer ce qui aurait dû être le quatrième anniversaire du garçonnet. Stamp avait demandé à son père du porc grillé à la mode thaïlandaise, à partager avec ses amis et sa famille. «Je n’arrive pas à croire que c’était la dernière fois que je lui ai parlé», dit-il, tremblant. «Je n’ai pas pu exaucer son vœu.»
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