FrayeurIl trouve une araignée Nosferatu dans son appartement à Lausanne
Cette espèce du sud est de plus en plus présente en Suisse. Effrayante, elle n’est pas agressive, mais si on l’embête elle mord et son venin peut être assez douloureux.
- par
- Eric Felley
Dimanche dernier, dans son tranquille appartement de la rue de Beaumont à Lausanne, en dessous de La Sallaz, Robert a eu la frayeur de sa vie en repérant une araignée étrange qui cheminait le long d’une plinthe dans son salon. Il l’a photographiée et ses recherches l’ont orienté vers une espèce qui s’installe peu à peu en Suisse, la Zoropsis spinimana, ou «zoropse à pattes épineuses», surnommée aussi Nosferatu à cause du dessin que l’on trouve sur sa tête.
Une douleur variable
Plutôt habitué à voir des tégénaires dans les éviers ou des pholques phalangide (l’espèce aux longues pattes) sur les murs, Robert n’en revient pas: «Ça fait drôle, car elle est très velue et fait penser à une petite mygale». Renseignement pris, la Nosferatu vient des pays du Sud, importée probablement dans des emballages, et se propage en Suisse à la faveur du réchauffement climatique. Elle n’est pas agressive, mais elle peut piquer si on la dérange. Selon les témoignages, son venin provoque une douleur allant d’une piqûre de moustique à celle d’une guêpe.
Jusqu’au sud de l’Angleterre
Depuis quelques années, son signalement est de plus en plus fréquent aux quatre coins de la Suisse. L’année dernière, Wolfgang Nentwig, professeur à l’Institut d’écologie et d’évolution de l’Université de Berne et spécialiste des araignées, a évoqué sa présence récurrente sous nos latitudes et plus au nord dans un article de «24 heures»: «Elle se retrouve en de nombreux endroits de Suisse, et semble avoir déjà conquis des territoires bien plus septentrionaux, puisqu’on la connaît maintenant en région parisienne, aux Pays-Bas et jusque dans le sud de l’Angleterre».
Pas si facile d’en croiser
Dans le même article, Ambros Hänggi, biologiste au Musée d’histoire naturelle de Bâle, précise: «Il est vrai que les rapports sur le Zoropsis sont nombreux en ce moment, donnant l’impression que cette araignée est partout. Toutefois, c’est davantage dû au fait qu’il s’agit d’un animal visible qui est peu familier, voire effrayant pour de nombreuses personnes. Je suppose qu’il n’est toujours pas si facile de rencontrer un Zoropsis».
Seulement en plaine
Pour l’instant elle se répand surtout en plaine. «On pense qu’elle s’est surtout répandue dans les régions de basse altitude, explique le biologiste bâlois, car le plus haut site d’observation d’une zoropse fut au bord du lac de Thoune, à 600 mètres d’altitude. On a donc peu de chances de la croiser en montagne, où il fait plus froid tout au long de l’année».