FootballLes deux réalités d’Alexandre Jankewitz
Le Veveysan est l’un des hommes essentiels qui doit mener la Suisse M21 à l’Euro 2023 (elle joue ce vendredi à Thoune contre la Moldavie). Par contre à Young Boys, où il est arrivé cet été, il n’existe pas encore.
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Alexandre Jankewitz, un pied dans chaque monde.
Urs Lindt/FreshfocusLe FC Bavois a eu droit à une drôle de surprise samedi dernier. Son duel face à la réserve de Young Boys ne devait être qu’une de ces âpres rencontres de plus qu’offre la Promotion League, face à un groupe jeune et désireux de se montrer. Sauf que, cadeau: les Bernois se sont déplacés avec un milieu de terrain cinq étoiles. Fabian Lustenberger (308 matches avec le Hertha Berlin) à gauche, Alexandre Jankewitz à droite. Autant dire que les Bavoisans ont eu une petite boule au ventre en découvrant les feuilles de match. Malgré la classe de sa paire médiane, YB II a rompu, vaincu 2-1.
Neuf mois après avoir découvert la Premier League anglaise à St Mary puis à Old Trafford, c’est donc là, dans ce village campagnard d’un millier d’âmes encerclé par les champs, sur une pelouse qui n’en a que le nom à cette époque de l’année, que s’est retrouvé planté Alexandre Jankewitz. Pour son dépaysement le plus total. Sacré vertige. «Je n’étais jamais venu et on ne m’avait pas prévenu pour le terrain. Oui, c’était… pas évident», sourit l’ancien demi de Southampton.
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Même dans une qualité d’image approximative, l’état actuel de la pelouse du FC Bavois où s’est débattu Alexandre Jankewitz samedi pique les yeux.
Yapeal Promotion LeagueCe cadre, c’est la première réalité d’Alexandre Jankewitz. Sa réalité du quotidien. Transféré durant l’été à Young Boys, le Veveysan était attendu comme l’une des attractions de Super League. Sauf que l’aventure dans l’élite suisse n’a pas vraiment encore commencé. Elle s’écrit pour l’heure davantage face à des équipes de divisions inférieures. Que ce soit en Coupe de Suisse avec le maillot de la «une» (Littau au premier tour, Iliria Soleure au deuxième), ou en troisième division avec la réserve, de Bavois à Carouge en passant par Bienne.
Quatre ans de contrat, mais un besoin de présent
«Il n’y a que le travail pour me sortir de là, pour monter la pente. Il y a une grosse densité parmi les milieux de terrain à Young Boys, c’est dur de se faire une place, accepte le principal concerné. Oui, j’ai joué en Premier League, mais quelques minutes, sans faire partie des éléments fixes de la première équipe. Venir à YB, c’était une super option pour moi, en tout cas pas un pas en arrière.» À la clef, un rare et rassurant contrat de quatre ans, qui laisse au milieu de terrain le temps d’apprendre ce qui doit l’être au sein de la maison jaune et noire.
«Rassurant, je ne sais pas. Ce qui compte à mes yeux, c’est le présent. Pas l’avenir à six ou douze mois. Je n’ai pas envie d’attendre pour être performant, pour avoir du temps de jeu. C’est un sentiment assez normal, non?» Oui. Et ce temps de jeu, c’est sa deuxième réalité qui le lui offre pour l’instant.
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Alexandre Jankewitz en Coupe de Suisse face à Iliria Soleure.
Claudio De Capitani/FreshfocusParce que si David Wagner, son entraîneur à Young Boys, n’a pas encore fait du jeune homme de 19 ans l’un de ses rouages essentiels, il en va tout autrement pour Mauro Lustrinelli. Depuis le début de l’année, le sélectionneur de l’équipe nationale M21 n’a glissé qu’une seule fois Jankewitz sur le banc (entré en jeu en fin de match). De l’autre côté de la balance, sept titularisations, dont deux face à l’Angleterre et au Portugal lors du dernier Euro.
La métaphore veut que l’ancien junior du Servette FC fasse des M21 suisses sa bouée de sauvetage, sa bouffée d’air frais. Il ne le dit pas. «C’est toujours un plaisir de retrouver ce groupe. Un vrai grand plaisir. Je m’y sens bien à chaque fois», lance-t-il quand même.
«Oui j’ai joué en Premier League, mais sans faire partie des éléments fixes de Southampton»
Ici, on lui offre tout ce qu’il n’a pas ou plus ailleurs. Ces précieuses minutes de jeu, mais aussi des responsabilités, un objectif, une pression bénéfique provenant tant de l’intérieur que de l’extérieur. L’intérieur, c’est cette campagne de qualification qui doit mener les jeunes Helvètes au prochain Euro, à l’été 2023 en Roumanie et en Géorgie. L’extérieur, c’est cette ferveur populaire qui accompagne désormais les «Rougets» où qu’ils aillent. Un allant sans doute né il y a deux ans, jour d’une symbolique victoire face à la France M21 à la Maladière, et parfaitement entretenu depuis.
«Je n’étais pas encore dans l’équipe lorsque ça s’est produit. Mais oui, je ressens la force de ce groupe, avec énormément de très bons joueurs, et ce qu’il représente pour le public.» Son chemin passe, ce vendredi (18 h 30), par la Stockhorn Arena de Thoune. Où se déplacera la Moldavie et où l’on n’attend rien d’autre d’elle qu’elle poursuive son parcours quasi parfait (quatre matches, dix points) en vue de l’Euro 2023. Le duel fera peut-être les frais du choc Italie – Suisse prévu deux heures plus tard. Mais, que les tribunes soient pleines ou pas, Alexandre Jankewitz saura s’adapter.