Canicule et sécheresseL’été vire à la tragédie pour les poissons
Pas de pluie en vue et de l’eau à 25 degrés. Pour la Fédération suisse de pêche (FSP), il va falloir s’attendre à une forte mortalité piscicole ces prochains temps.
Les truites et les ombres succombent à une eau trop chaude.
Getty Images/iStockphoto«Les températures de l’eau sont trop élevées et les mortalités piscicoles sont imminentes en de nombreux endroits. La Fédération suisse de Pêche (FSP) craint que les étés caniculaires de 2003 et 2018 ne se répètent». Dans une vidéo diffusée mardi sur Twitter, la FSP déplore: «Nous étions au bord de la tragédie, celle-ci a dorénavant commencé. On observe les premières mortalités de poisson à large échelle».
David Bittner, administrateur de la Fédération suisse de Pêche fait part de son inquiétude: «La situation est mauvaise, les poissons qui ont besoin de froid comme les truites et les ombres souffrent beaucoup. Tous les signes indiquent que nous nous dirigeons vers une tragédie». Le réchauffement des températures de l’eau prive les poissons de l’oxygène nécessaire à leur respiration: «Les poissons sensibles risquent de mourir asphyxiés».
Les températures de l’eau sont très hautes cet été. Actuellement, tous les lacs suisses affichent des températures qui approchent les 25 degrés. À partir de 20 degrés les espèces comme les truites et les ombres commencent à stresser. À partir de 22 ou 23 degrés, un seuil critique est atteint et au-dessus de 25 degrés, sur une longue période: «C’est souvent la mort assurée pour les poissons qui ont besoin de froid. De grandes mortalités piscicoles sont à craindre cette année», constate, la mort dans l’âme, l’administrateur de la FSP.
Comme il n’y a pas de précipitations sérieuses prévues pour les dix prochains jours et que les températures restent élevées, l’avenir des poissons s’annonce sec et sombre. La FSP craint qu’ils ne souffrent comme en 2018, où la mortalité a été élevée à certains endroits comme sur le Rhin à Schaffhouse, dans les ruisseaux et les régions à truites. La FSP espère surtout que ce mois d’août ne répète pas le scénario de la canicule de 2003, où une véritable hécatombe piscicole avait frappé tout le pays.
Pour les poissons, le déclin continue
«Avec les changements climatiques, note la FSP, les habitats aquatiques sont particulièrement sous pression, et pas seulement pendant les épisodes de canicule. Les trois quarts des espèces de poissons indigènes sont menacées, en voie d’extinction ou déjà éteintes. Les populations de poissons sont en déclin depuis des décennies». Pour tenter de freiner cette évolution, la FSP se bat sur le terrain: «Il est d’autant plus important de revaloriser durablement les habitats aquatiques, en créant des habitats piscicoles et des zones de refuge attrayants, et en particulier de l’ombrage avec de grands projets de revitalisation ou des mesures locales rapides.»
Les recommandations de la FSP pour soulager les poissons
Pas de prélèvements d’eau par l’agriculture et les particuliers.
Interrompre les travaux de construction sur et dans les cours d’eau; une forte turbidité de l’eau stresse et endommage les branchies des poissons.
Laisser les chiens se baigner et nager dans d’autres endroits.
Pas de navigation fluviale inutile, en particulier dans les zones d’eau peu profonde.
Les pêcheurs renoncent temporairement à la pêche des espèces de poissons qui ont besoin du froid comme la truite et l’ombre.
Les personnes qui viennent se détendre au bord de l’eau évitent un stress supplémentaire pour les espèces de poissons qui aiment le froid.
Respecter les zones refuge pour les poissons tels que les fosses profondes, les résurgences de la nappe phréatique ainsi que les affluents et les points d’eau signalés et spécialement désignés.
Ne pas construire de barrages dans les rivières, car ils agissent comme des pièges pour les poissons.
Signaler immédiatement aux autorités ou à la police les situations dangereuses telles que l’assèchement d’un ruisseau ou les mortalités de poissons.