La vache de la députée a défendu son veau

L’accident remonte à une semaine: l’après-midi du dimanche 31 juillet, une randonneuse a été chargée et blessée par une vache mère sur un pâturage communal, à Saignelégier (JU). lematin.ch s’est rendu cette semaine au lieu-dit «Sous-la-Neuvevie»: les vaches paissaient à l’ombre, dans les bois, au milieu des prés, mais plus aucun veau ne se trouvait dans le troupeau.

«Suite à cet accident, j’ai rentré les veaux à l’écurie pour ne pas en avoir un deuxième», indique l’agricultrice et députée jurassienne Brigitte Favre (UDC), présidente du Parlement jurassien.

Que s’est-il passé dimanche dernier? La justice et la police ne communiquent rien à ce sujet, mais Brigitte Favre avance une hypothèse: «La promeneuse a peut-être caressé un veau ou du moins, s’en est approchée».

Sur un plateau franc-montagnard caractérisé davantage par ses chevaux que pas ses bovins, Brigitte Favre et son associé ont choisi des vaches rhétiques, réputées calmes et dociles. Problème: «Les veaux blanc tacheté de noir sont chouettes et attirants… On se dit: «Oh! Il y a un joli veau qui est tout seul!»…», remarque l’agricultrice de «Sous-la-Neuvevie».

Brigitte Favre connaît son métier, elle sait qu’une vache mère a pour habitude de cacher son veau: «Elle le cache pour aller manger ailleurs, mais elle le surveille. Mieux vaut ne pas passer entre la vache et le veau», avertit l’agricultrice.

Depuis la pandémie, les randonneurs sont plus nombreux aux Franches-Montagnes. La présidente du Parlement insiste: «Je n’ai rien contre la promenade, mais quand je vois un groupe pique-niquer en plein champ, à l’écart des places prévues à cet effet, je me dis qu’il faut trouver un équilibre».

La députée avait placé trois vaches grises avec leurs très jeunes veaux dans un pâturage communal situé derrière une forêt. Elle a vu l’hélicoptère de la Rega, mais elle n’a pris connaissance de l’accident que dans la soirée. Depuis, elle n’a reçu aucune information sur l’état de santé de la victime.

Brigitte Favre s’interroge: «Faut-il rentrer les bêtes pour les vêlages? Jusqu’à quel âge faut-il garder un veau à l’écurie? Je cherche des solutions pour améliorer la cohabitation», assure-t-elle, après le premier accident survenu en dix ans avec son bétail.

Pendant la conversation, des promeneurs ont cheminé en file indienne dans les pâturages. «Ils ne suivent pas le chemin balisé», remarque Brigitte Favre.

La promeneuse blessée dimanche dernier marchait-elle avec un chien sur un terrain communal flanqué d’un droit d’estivage? Mystère, mais les vaches de la députée y sont habituées: Brigitte Favre s’occupe à la ferme d’un élevage de chiens de traîneau.

À Saignelégier, dans un magasin géré par des paysannes, la vendeuse sait que «les vaches mères défendent leurs petits». Dans sa ferme, aux Émibois, une promeneuse a été chargée il y a longtemps: «Avec des écouteurs sur les oreilles, elle avait traversé un troupeau de vaches couchées», se souvient-elle. Les blondes d’Aquitaine se sont levées et la randonneuse a pris peur: les bêtes l’ont alors chargée.

«Les génisses aussi peuvent charger», remarque cette paysanne, en constatant que «les gens ne lisent plus les panneaux». Le Service de prévention des accidents dans l’agriculture (SPAA) rappelle qu’en présence de vaches mères, il faut marcher calmement, gardez ses distances, tenir son chien en laisse, ne jamais s’approcher des veaux et en aucun cas les toucher.