Critique cinéma«Le garçon et le héron», plus proche de «Chihiro» que du «Vent se lève»
Le dernier film d’Hayao Miyazaki s’attache à Mahito, un enfant qui a perdu sa mère dans l’incendie d’un hôpital. Le fantastique est de retour.
- par
- Jean-Charles Canet
Une sirène déchire Tokyo endormie. La maisonnée dans laquelle dort Mahito est réveillée brutalement. L’hôpital dans lequel travaille sa mère est ravagé par un incendie. Le brasier se laisse apercevoir dans le lointain et les braises pleuvent sur la capitale. L’enfant se précipite, en vain.
Quelque temps plus tard Mahito quitte Tokyo accompagné de son père veuf pour vivre dans une petite localité ou réside sa famille maternelle. Ils sont accueillis par Natsuko, jeune femme qui se trouve être enceinte. L’enfant remarque un étrange héron qui semble avoir jeté son dévolu sur le jeune garçon. Il voit son attention attirée par une étrange tour au bord d’un lac.
Un vieux maître toujours d’attaque
Par ces quelques séquences inaugurales brillantes, le dernier film signé Hayao Miyazaki démontre comme si cela allait de soi que le vieux maître est toujours d’attaque et qu’il est parfaitement secondé par les animateurs du studio Ghibli. Son précédent long métrage d’animation, «Le vent se lève» (2013), une biographie surtout, avait été déclaré comme étant l’ultime film de l’artiste. On est cependant heureux que le réalisateur, désormais octogénaire, ait trouvé les forces de se lancer dans cet ultime chantier et de retourner vers un pan plus onirique de son inspiration. Car «Le garçon et le héron» est à nos yeux bien plus proche du «Voyage de Chihiro» ou du «Château ambulant» que du «Vent se lève». Car, comme pour la petite fille emportée dans un monde des esprits, Mahito fait de même dès qu’il a franchi une étrange frontière comme on ouvrirait une porte. Au point que l’on ne sait plus très bien si son voyage dans une sorte d’au-delà est une intrusion dans un fantastique rempli de créatures extraordinaire ou une introspection d’un esprit marqué par le deuil.
Sans révéler les détails du voyage entre les mondes du jeune garçon, bornons-nous à dire qu’il est gonflé de péripéties et de rebondissements. Des péripéties toujours inventives qu’il faut prendre comme elles viennent sans forcément chercher à les rationnaliser. Cela permet de mieux profiter de la dimension poétique du long métrage. Il va sans dire que cela peut paraître déstabilisant mais avec un soupçon de lâcher prise, «le garçon et le héron» s’intégrera certainement sans trop de problèmes dans la liste des œuvres majeures d’un conteur à nul autre pareil.
Pour notre part, on place «Le garçon et le héron» légèrement en dessous du «Voyage de Chihiro», dont la parabole écologique nous avait semblé d’une force incomparable et même de «Princesse Mononoké», mais au même niveau que du «Château ambulant». Qu’en sera-t-il pour vous?