Commentaire: Lex Netflix, clap de fin sur une campagne de sourds

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CommentaireLex Netflix, clap de fin sur une campagne de sourds

La campagne sur l’investissement des plateformes de streaming dans le cinéma suisse a fait le tour de la question. Finalement, les obliger à investir, c’est leur rendre service.

Eric Felley
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Eric Felley
Lors du débat sur Infrarouge consacré à la loi sur le cinéma, Philippe Nantermod face à Alain Berset, ou l’argent privé contre l’argent public.

Lors du débat sur Infrarouge consacré à la loi sur le cinéma, Philippe Nantermod face à Alain Berset, ou l’argent privé contre l’argent public.

RTS

Coupez! Les débats concernant la modification de la loi sur le cinéma arrivent en fin de bobines. Durant cette campagne, les camps sont restés figés dans leurs arguments, sans jamais se rejoindre. En faveur de loi, on retiendra que les plateformes ne paient aucun impôt et n’emploie personne en Suisse, tout en encaissant des centaines de millions. Elles pourraient donc investir 4% de leur chiffre d’affaires dans le cinéma suisse, à l’instar de ce qui se pratique dans d’autres pays. Pour Alain Berset, il s’agit de mettre aussi sur pied d’égalité les plateformes avec les chaînes qui doivent déjà investir ces 4%. Enfin, cela permettra aux productions suisses d’avoir davantage accès à ces plateformes et une meilleure audience.

Le lait et la vache

Contre la loi, le credo libéral s’oppose à ce que l’État intervienne dans la stratégie d’investissements de sociétés privées. Imposer un quota d’œuvres européennes de 30% revient à mettre les abonnés sous une tutelle culturelle. Les 4% feront inévitablement monter le prix des abonnements, car, selon l’expression fétiche de Philippe Nantermod (PLR/VS): «Quand on taxe le lait, ce n’est pas la vache qui paie l’impôt». Enfin, le cinéma suisse est déjà gavé de subventions, tout ça pour faire des films d’auteur ou élitiste, que boude le public.

Les absents ont tort

Dans ces débats, on n’a guère vu, ni entendu, les gestionnaires des plateformes concernées installées à l’étranger. On sait qu’elles sont contre. Les absents ont toujours tort, dit-on, et ce devrait être le cas ici. En les obligeant à investir 4% dans le cinéma suisse, on leur rendra finalement service. Au lieu d’être de simple machine à encaisser sans ne rien lâcher, elles participeront à la création d’œuvres dans ce pays. En ne s’intéressant plus seulement à l’argent des Suisses, mais aussi à leur culture cinématographique, elles amélioreront leur image. C’est du gagnant-gagnant.

Et quand bien même, certaines d’entre elles augmenteraient leur abonnement de 4%, cela resterait de l’ordre de quelques francs par année. Comme le dit notre cinéaste franco-national Jean-Luc Godard: «Le cinéma est la plus belle escroquerie du monde».

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