CommentaireLoi Covid-19: vers une plus grande polarisation
La manifestation de samedi à Berne a mis du baume au cœur chez les opposants à la loi. Il reste encore cinq semaines de campagne, durant lesquelles la polarisation de l’opinion pourrait s’accentuer.
- par
- Eric Felley
Avec 63% de oui selon le sondage Tamedia publié le 15 octobre dernier ou 61% de oui selon le baromètre de la SSR publié vendredi dernier, la loi Covid-19 semble pouvoir compter sur un socle d’environ 60% de la population, qui correspond au résultat de la votation du mois du 13 juin lors du premier référendum. À l’inverse, cela fait tout de même un autre socle de 40%, qui n’est pas négligeable dans une démocratie.
Samedi à Berne, les opposants ont montré que leur détermination n’a pas faibli et qu’ils sont très bien organisés pour battre le rappel. Leurs origines hétéroclites montrent également qu’ils bénéficient de ramifications importantes au sein de la population, qui fonctionnent en marge des partis politiques. Selon les déclarations des autorités de la ville, ce devrait être la dernière manifestation autorisée le week-end avant la votation du 28 novembre, c’est-à-dire dans cinq semaines. Ce n’est pas certain que les opposants vont rester chez eux pendant un mois après leur succès de samedi!
Moins de soutien en Suisse romande
Le baromètre de la SSR montre que les 61% d’avis favorables, il y a 48% de gens convaincus et 13% «plutôt pour». C’est peut-être là que se trouve encore une marge qui peut rapprocher les deux camps. On remarque aussi que dans les régions rurales, la loi est moins bien soutenue, seuls 42% des gens disent un oui ferme. Bizarrement, dans le sondage de la SSR, on constate qu’en Suisse romande, le soutien serait moins fort avec 38% de convaincus et 20% «plutôt pour». Cette faiblesse du soutien en Suisse romande est surprenante, car on a l’impression que l’opposition vient principalement de Suisse alémanique, des cantons de Suisse centrale et orientale. Il existe aussi une frange se disant «sans parti» qui donne 37% d’avis convaincus et 18% «plutôt oui».
Ces chiffres montrent que le Conseil fédéral n’est pas à l’abri d’une surprise dans un mois et que probablement la population va se polariser encore davantage sur la question. Tout dépend de l’ampleur que prendra le «vote anti-establishment», en particulier chez les jeunes. Lors du vote du mois de juin, les derniers sondages de la SSR et de Tamedia/20 minutes donnaient entre 64% et 69% de oui, alors que le résultat final a été de 60%. Cette baisse du oui en fin de campagne avait été une surprise pour tous les observateurs. Et avait motivé le lancement du second référendum.