Météo extrêmeLe changement climatique rend les cyclones plus forts et destructeurs
Qu’on les appelle cyclones, ouragans ou typhons, ces phénomènes météo sont de plus en plus violents. La faute à l’activité humaine qui déglingue le climat, selon les spécialistes. Explications.
Le réchauffement climatique n’augmente pas la fréquence des cyclones, tels que celui ayant frappé dimanche la Birmanie, mais il les rend plus intenses et destructeurs, expliquent les climatologues et les spécialistes de ces événements aussi appelés ouragans ou typhons selon les régions.
«Un cyclone est un système dépressionnaire qui se forme aux latitudes tropicales, sur une zone suffisamment chaude pour qu’il puisse se développer», explique Emmanuel Cloppet, de Météo-France. «Il va se caractériser par des nuages pluvio-orageux qui vont se mettre en rotation et générer à la fois de très fortes pluies et des vents forts, ainsi qu’une houle générée par le vent», ajoute-t-il.
Ces phénomènes de grande taille – larges de centaines de kilomètres – sont aussi redoutables car ils peuvent traverser de grandes distances. Ils sont classés selon l’intensité des vents: dépression tropicale (moins de 63 km/h), tempête tropicale (entre 63 et 117 km/h) et cyclone (au-delà).
Plusieurs noms pour un seul et même phénomène
On les appelle différemment selon la région où ils évoluent: on parle de cyclone (ou cyclone tropical) dans l’océan Indien et le Pacifique Sud, d’ouragan en Atlantique Nord et dans le Pacifique Nord-est, et enfin de typhon dans le Pacifique Nord-ouest. Les météorologues les classent en fonction de leur intensité selon des échelles qui diffèrent en fonction des régions. Pour les ouragans, l’échelle de Saffir-Simpson compte, par exemple, 5 niveaux.
«Le nombre global de cyclones tropicaux n’a pas changé au niveau mondial, mais le changement climatique a augmenté la survenue des tempêtes les plus intenses et destructrices», résume le World Weather Attribution (WWA), un groupe de scientifiques qui cherche à établir le lien entre certains événements extrêmes et le réchauffement de la planète.
Le changement climatique causé par l’activité humaine affecte d’une part la pluviosité des cyclones, renforcée par l’augmentation des températures de l’atmosphère. «Une augmentation de trois degrés de la température de l’air c’est potentiellement des augmentations de 20% de la quantité de pluie générée par un épisode cyclonique», souligne Emmanuel Cloppet.
Or ce sont ces pluies intenses qui provoquent les inondations et coulées de boue parfois meurtrières, comme dans le cas du cyclone Freddy, qui a fait des centaines de morts au Malawi et au Mozambique début 2023.
Le réchauffement des océans aggrave la situation
Le réchauffement des océans «alimente» en outre les cyclones tropicaux, qui peuvent ainsi devenir plus violents. «Le changement climatique crée donc les conditions dans lesquelles des tempêtes plus puissantes peuvent se former, s’intensifier rapidement et persister pour atteindre les terres, tout en transportant davantage d’eau», concluent les experts du WWA.
Les cyclones génèrent de très fortes houles qui peuvent provoquer des submersions côtières. Et désormais les ondes de tempête deviennent plus élevées en raison de la montée du niveau de la mer résultant du changement climatique. Par ailleurs, le réchauffement de la planète risque d’élargir la zone propice à la formation des cyclones, qui pourraient ainsi toucher de nouvelles régions.
Des conditions propices sur des zones de plus en plus vastes
«C’est comme si les tropiques s’élargissaient: les cyclones vont trouver dans les décennies à venir des conditions favorables en termes de températures de la mer sur des zones plus larges qu’aujourd’hui», indique Emmanuel Cloppet. «Des zones aujourd’hui très peu impactées pourraient demain l’être beaucoup plus», prévient-il.
Jusqu’à présent, les scientifiques disent ne pouvoir attribuer formellement au réchauffement qu’un déplacement vers le nord des cyclones de l’ouest du Pacifique Nord, qui ont frappé l’Asie de l’Est et du Sud-Est. «Ceux-ci peuvent donc frapper des endroits relativement peu préparés, sans raison historique de s’attendre à un tel événement», remarque le WWA.